« Je suis devant le théâtre, avec nos deux places, nos pommes et nos gâteaux ! » Ca, c’était le texte du SMS que j’ai envoyé hier soir à mon amie Elli. Mon amie Elli représente les communautés Emmaüs d’Allemagne dans les réunions internationales du mouvement Emmaüs, vous savez, le mouvement créé par l’Abbé Pierre et qui s’est exporté, hélas, car la misère ne se répand pas que chez nous en France. Donc mon amie Elli débarque régulièrement chez moi, munie de son immense sac à dos et de ses grosses chaussures de randonnée, solides, allemandes.Seulement, elle ne me prévient jamais longtemps à l’avance du soir précis qu’elle passera avec moi. Alors quand elle veut que je l’emmène au théâtre, je n’ai jamais le temps de réserver à l’avance le spectacle de mon choix.
Le jour où elle arrive, je vais au kiosque de Montparnasse acheter les places du jour à moitié prix. Il y a un mois, j’avais une liste de 6 spectacles en tête, ils n’avaient de places libres pour aucun… sauf Marie Stuart, mais ils ne pouvaient pas me garantir où nous serions placées… Et comme j’avais déjà vu deux fois la pièce, une fois au troisième rang et une fois au premier, j’avais trop peur d’être placée au 37ème rang, par exemple, et de ne pas bien voir. Trop peur d'être frustrée. Au prix où sont les places, même à moitié prix, 70 € pour nous deux, j’avais laissé passé l’occasion, avec un petit pincement au cœur. Je m’étais rabattue sur «L’importance d’être constant», d’Oscar Wilde, avec Laurent Deutsch et Frédéric Diefenthal… Quelle déception ! Nous nous étions rendues compte, mon amie Elli et moi, de l’importance de la mise en scène, dans un spectacle ; parce que du Oscar Wilde, même avec ses dialogues étincelants et ses intrigues rebondissantes, si c’est mal mis en scène et joué par des acteurs certes sympathiques mais immatures, incapables de donner de l’épaisseur à ces personnages légers, on s’ennuie, on s’ennuie à mourir.Donc j’étais très déçue, il y a un mois, d’avoir entraîné mon amie Elli à ce spectacle de théâtre absolument rasoir.Hier soir, rebelote ! Mon amie Elli débarque avec son gros sac à dos et ses grosses chaussures ! Alors là, je sais c’est une folie parce que j’y retourne encore dimanche prochain, mais là, j’ai craqué ! Je lui ai dit : «le meilleur spectacle à Paris en ce moment, y’a pas de question à se poser, c’est Adjani dans Marie Stuart» Ah, Adjani ! Mon amie Elli avait bien envie de voir Adjani «en vrai». Mon amie Elli se tape des réunions toute la journée quand elle vient ici, des réunions où l’on s’organise pour gérer la misère, puisqu’en haut lieu les bonnes décisions ne sont jamais prises pour l’éradiquer, cette honte pour l’humanité. L’idée de passer d’Emmaüs à Isabelle Adjani, pour mon amie Elli, c’était un peu comme aller sur la lune !Elle voulait passer chez moi avant de se rendre au théâtre, elle savait que je n’avais pas encore acheté les places, que je les achèterais en sortant du boulot, elle avait peur qu’il n’y en ait plus ,moi je n’avais pas peur parce que je me doutais que le spectacle n’affichait pas complet, sinon pourquoi auraient-ils fait cette campagne d’affichage dans le métro ? Comme j’habite à l’opposé de Marigny, je lui ai envoyé un message dans la journée, lui demandant de me retrouver directement au théâtre, sans passer par chez moi, pour ne pas risquer qu’on soit en retard ! Je lui ai promis que j’apporterais des pommes et des gâteaux pour pallier à une éventuelle faim ! A 13 heures je suis passée chez mon ami Loquito lui emprunter ses jumelles de théâtre, afin que, si nous étions mal placées, du moins nous pussions apprécier les expressions de jeu d’Adjani, grâce à cette merveilleuse invention.A 17h30, je quitte mon boulot, je me pointe au kiosque, ils me vendent les places, puis je file au Marigny et là, sur le banc, je lui envoie mon petit message :« Je suis devant le théâtre, avec nos deux places, nos pommes et nos gâteaux ! »Ah ! Si je pouvais j'irais tous les soirs voir "Marie Stuart" !La représentation a été magnifique. Encore différente. C’était donc la troisième fois que je la voyais et pour la troisième fois, Adjani a prononcé «Ah non, il ne faut pas que je me présente devant Dieu sans qu’il soit prévenu !» – ma réplique préférée – sur un ton différent. Je me suis dit que décidément Carolina avait raison, que c’était la première partie la plus belle, la plus poignante, celle qui se cristallisera avec le plus de pureté dans ma mémoire, parce que «la Reine est nue», comme on dit «le roi est nu». La reine est humaine, dépouillée de tous ses biens, maltraitée par ses domestiques, les maltraitant à son tour… Ce mélange reine/humaine est détonnant et mémorable…Et puis comme chaque fois Adjani joue à fond, dès la première seconde. C’est ce qui a le plus impressionné mon amie Elli. Quelle actrice incroyable, miraculeuse ! Ca n’a rien à voir avec tout ce qui se fait d’autre au théâtre. Voyez, cette semaine aussi j’ai vu Catherine Frot dans «Si tu mourais». J’adore Catherine Frot et je l’ai adorée dans «Si tu mourais» c’est vraiment une belle pièce et elle est juste et fine et tout et tout… mais ça n’a pas l’intensité de la présence physique d’Adjani sur scène et du don absolu de soi dont elle fait preuve, chaque soir, mais comment fait elle ?Nous n'étions pas très bien placées bien sûr (11ème rang sur la droite, pas dans les fauteuils de la partie centrale mais tout à droite) ; mais grâce aux jumelles nous pouvions nous délecter de la moindre des expressions adjaniennes. D’ailleurs je dois dire qu’Elli les a beaucoup plus utilisées que moi et que je l’ai laissée faire, l’occasion étant unique, pour elle. Quand je me remémore ces visions magiques du visage adoré et si expressif en gros plan dans les jumelles, là, en vous racontant tout ça, je me remémore comme il est stupéfiant qu’Adjani parvienne à nous faire oublier totalement Adjani, en incarnant avec tant d’inspiration et de force sa Marie Stuart. "C'est la première fois que je vois un acteur célèbre en vrai, tu sais", m'a dit Elli quand nous sommes sorties du théâtre, après la représentation. Je lui ai fait remplacer, dans sa phrase, "un acteur" par "L'Actrice" !Mais surtout, elle m'en a parlé pendant tout le trajet du retour, dans le métro. "C'est fort", ne cessait-elle de dire, étonnée par ce qu'elle venait d'éprouver, par les sensations physiques que lui avaient procuré le jeu intense d'Adja. Elle n'avait jamais ressenti cela au théâtre, me disait elle. Tu m'étonnes ! Elle s'en souviendra toute sa vie.Et puis, je ne sais pas si ça vous est arrivé. Souvent, quand vous rentrez du théâtre, avec vos amis vous parlez de la pièce pendant les 10 minutes qui suivent, mais après, vous passez à autre chose, la vie reprend son cours… Là, Elli, avec qui de ma vie jamais je n’avais parlé d’Adja, elle ne connaissait pas ma passion adjanienne comme mes frangins, frangines, amis que je vois le plus souvent… Là, ma Elli était sous le charme de mon Actrice préférée, j’étais aux anges !Elle a aussi eu un mot digne d'un "mot d'enfant", ma Elli. Pendant que nous attendions dans la file d'attente du Contrôle, pour retirer nos billets, elle m’a fait : "dis donc, c'est la dernière représentation ?"- Euh, non Elli, si c'était la dernière représentation nous devrions être mieux habillées, tu sais ! (je ne vous dis pas comme son gros sac à dos a impressionné la dame du vestiaire !)- Ben, c'est marqué que c'est la dernière !- Où as-tu lu cela ?- Sur la façade du théâtre, je te jure, c'est indiqué... – et là, elle regarde la carte postale où est reproduite l'affiche – Aaaaaaaaah, c'est le titre de la pièce ! J'avais lu "La dernière nuit pour Marie Stuart" alors j'avais compris que c'était la dernière !Le jeune homme devant nous, avec son petit chapeau bohême, a réprimé un rire. Il avait les commissures des lèvres qui se plissaient. Je voyais qu’il ne voulait pas se manifester bruyamment, histoire de ne pas se montrer indiscret, alors j’ai échangé un regard avec lui pour lui permettre de libérer son hilarité, ah comme nous étions joyeux !Rentrées à la maison, jusqu’à plus de minuit j’ai fait écouter à Elli la si belle et si intéressante interview de 20 minutes qu’Adja a donné à Europe 1, au sujet de cette pièce Marie Stuart. Elli a dit : «Elle est sympathique, en plus !» Ah, c’était délectable de voir une non initiée découvrir la magie Adjani !Bon, j’y retourne dimanche, avec Tessa, on aura encore des choses à vous raconter je sens toutes les deux !Bises à tous !Inch’Adja !
01 décembre, 2006 13:13
Le jour où elle arrive, je vais au kiosque de Montparnasse acheter les places du jour à moitié prix. Il y a un mois, j’avais une liste de 6 spectacles en tête, ils n’avaient de places libres pour aucun… sauf Marie Stuart, mais ils ne pouvaient pas me garantir où nous serions placées… Et comme j’avais déjà vu deux fois la pièce, une fois au troisième rang et une fois au premier, j’avais trop peur d’être placée au 37ème rang, par exemple, et de ne pas bien voir. Trop peur d'être frustrée. Au prix où sont les places, même à moitié prix, 70 € pour nous deux, j’avais laissé passé l’occasion, avec un petit pincement au cœur. Je m’étais rabattue sur «L’importance d’être constant», d’Oscar Wilde, avec Laurent Deutsch et Frédéric Diefenthal… Quelle déception ! Nous nous étions rendues compte, mon amie Elli et moi, de l’importance de la mise en scène, dans un spectacle ; parce que du Oscar Wilde, même avec ses dialogues étincelants et ses intrigues rebondissantes, si c’est mal mis en scène et joué par des acteurs certes sympathiques mais immatures, incapables de donner de l’épaisseur à ces personnages légers, on s’ennuie, on s’ennuie à mourir.Donc j’étais très déçue, il y a un mois, d’avoir entraîné mon amie Elli à ce spectacle de théâtre absolument rasoir.Hier soir, rebelote ! Mon amie Elli débarque avec son gros sac à dos et ses grosses chaussures ! Alors là, je sais c’est une folie parce que j’y retourne encore dimanche prochain, mais là, j’ai craqué ! Je lui ai dit : «le meilleur spectacle à Paris en ce moment, y’a pas de question à se poser, c’est Adjani dans Marie Stuart» Ah, Adjani ! Mon amie Elli avait bien envie de voir Adjani «en vrai». Mon amie Elli se tape des réunions toute la journée quand elle vient ici, des réunions où l’on s’organise pour gérer la misère, puisqu’en haut lieu les bonnes décisions ne sont jamais prises pour l’éradiquer, cette honte pour l’humanité. L’idée de passer d’Emmaüs à Isabelle Adjani, pour mon amie Elli, c’était un peu comme aller sur la lune !Elle voulait passer chez moi avant de se rendre au théâtre, elle savait que je n’avais pas encore acheté les places, que je les achèterais en sortant du boulot, elle avait peur qu’il n’y en ait plus ,moi je n’avais pas peur parce que je me doutais que le spectacle n’affichait pas complet, sinon pourquoi auraient-ils fait cette campagne d’affichage dans le métro ? Comme j’habite à l’opposé de Marigny, je lui ai envoyé un message dans la journée, lui demandant de me retrouver directement au théâtre, sans passer par chez moi, pour ne pas risquer qu’on soit en retard ! Je lui ai promis que j’apporterais des pommes et des gâteaux pour pallier à une éventuelle faim ! A 13 heures je suis passée chez mon ami Loquito lui emprunter ses jumelles de théâtre, afin que, si nous étions mal placées, du moins nous pussions apprécier les expressions de jeu d’Adjani, grâce à cette merveilleuse invention.A 17h30, je quitte mon boulot, je me pointe au kiosque, ils me vendent les places, puis je file au Marigny et là, sur le banc, je lui envoie mon petit message :« Je suis devant le théâtre, avec nos deux places, nos pommes et nos gâteaux ! »Ah ! Si je pouvais j'irais tous les soirs voir "Marie Stuart" !La représentation a été magnifique. Encore différente. C’était donc la troisième fois que je la voyais et pour la troisième fois, Adjani a prononcé «Ah non, il ne faut pas que je me présente devant Dieu sans qu’il soit prévenu !» – ma réplique préférée – sur un ton différent. Je me suis dit que décidément Carolina avait raison, que c’était la première partie la plus belle, la plus poignante, celle qui se cristallisera avec le plus de pureté dans ma mémoire, parce que «la Reine est nue», comme on dit «le roi est nu». La reine est humaine, dépouillée de tous ses biens, maltraitée par ses domestiques, les maltraitant à son tour… Ce mélange reine/humaine est détonnant et mémorable…Et puis comme chaque fois Adjani joue à fond, dès la première seconde. C’est ce qui a le plus impressionné mon amie Elli. Quelle actrice incroyable, miraculeuse ! Ca n’a rien à voir avec tout ce qui se fait d’autre au théâtre. Voyez, cette semaine aussi j’ai vu Catherine Frot dans «Si tu mourais». J’adore Catherine Frot et je l’ai adorée dans «Si tu mourais» c’est vraiment une belle pièce et elle est juste et fine et tout et tout… mais ça n’a pas l’intensité de la présence physique d’Adjani sur scène et du don absolu de soi dont elle fait preuve, chaque soir, mais comment fait elle ?Nous n'étions pas très bien placées bien sûr (11ème rang sur la droite, pas dans les fauteuils de la partie centrale mais tout à droite) ; mais grâce aux jumelles nous pouvions nous délecter de la moindre des expressions adjaniennes. D’ailleurs je dois dire qu’Elli les a beaucoup plus utilisées que moi et que je l’ai laissée faire, l’occasion étant unique, pour elle. Quand je me remémore ces visions magiques du visage adoré et si expressif en gros plan dans les jumelles, là, en vous racontant tout ça, je me remémore comme il est stupéfiant qu’Adjani parvienne à nous faire oublier totalement Adjani, en incarnant avec tant d’inspiration et de force sa Marie Stuart. "C'est la première fois que je vois un acteur célèbre en vrai, tu sais", m'a dit Elli quand nous sommes sorties du théâtre, après la représentation. Je lui ai fait remplacer, dans sa phrase, "un acteur" par "L'Actrice" !Mais surtout, elle m'en a parlé pendant tout le trajet du retour, dans le métro. "C'est fort", ne cessait-elle de dire, étonnée par ce qu'elle venait d'éprouver, par les sensations physiques que lui avaient procuré le jeu intense d'Adja. Elle n'avait jamais ressenti cela au théâtre, me disait elle. Tu m'étonnes ! Elle s'en souviendra toute sa vie.Et puis, je ne sais pas si ça vous est arrivé. Souvent, quand vous rentrez du théâtre, avec vos amis vous parlez de la pièce pendant les 10 minutes qui suivent, mais après, vous passez à autre chose, la vie reprend son cours… Là, Elli, avec qui de ma vie jamais je n’avais parlé d’Adja, elle ne connaissait pas ma passion adjanienne comme mes frangins, frangines, amis que je vois le plus souvent… Là, ma Elli était sous le charme de mon Actrice préférée, j’étais aux anges !Elle a aussi eu un mot digne d'un "mot d'enfant", ma Elli. Pendant que nous attendions dans la file d'attente du Contrôle, pour retirer nos billets, elle m’a fait : "dis donc, c'est la dernière représentation ?"- Euh, non Elli, si c'était la dernière représentation nous devrions être mieux habillées, tu sais ! (je ne vous dis pas comme son gros sac à dos a impressionné la dame du vestiaire !)- Ben, c'est marqué que c'est la dernière !- Où as-tu lu cela ?- Sur la façade du théâtre, je te jure, c'est indiqué... – et là, elle regarde la carte postale où est reproduite l'affiche – Aaaaaaaaah, c'est le titre de la pièce ! J'avais lu "La dernière nuit pour Marie Stuart" alors j'avais compris que c'était la dernière !Le jeune homme devant nous, avec son petit chapeau bohême, a réprimé un rire. Il avait les commissures des lèvres qui se plissaient. Je voyais qu’il ne voulait pas se manifester bruyamment, histoire de ne pas se montrer indiscret, alors j’ai échangé un regard avec lui pour lui permettre de libérer son hilarité, ah comme nous étions joyeux !Rentrées à la maison, jusqu’à plus de minuit j’ai fait écouter à Elli la si belle et si intéressante interview de 20 minutes qu’Adja a donné à Europe 1, au sujet de cette pièce Marie Stuart. Elli a dit : «Elle est sympathique, en plus !» Ah, c’était délectable de voir une non initiée découvrir la magie Adjani !Bon, j’y retourne dimanche, avec Tessa, on aura encore des choses à vous raconter je sens toutes les deux !Bises à tous !Inch’Adja !
01 décembre, 2006 13:13
6 commentaires:
Merci pour ce joli post...
ca donne vraiment envie d'y retourner...
Peut être vas tu avoir un nouvel article dans gala...une fan venue d'allemagne..après le japon...lol
En plus ton récit est très humain...c'est vraiment beau à lire...
je penserai à toi et tessa cet aprèm...
J’ai trop de bol ! Comme vous êtes indulgents avec moi ! Je vous raconte des histoires de pommes, et de godasses allemandes, et d’Abbé Pierre… et vous me laissez publier tout cela sur un blog consacré à Isabelle Adjani ! Merci pour vos messages et comme promis donc, je vous raconte notre hier soir avec Tessa à Marigny… Nous avons décidé avec Tessa que nous vous raconterions chacune notre version de cette soirée, comme ça vous aurez deux récits ! Une Rencontre pareille, ça vaut toutes les versions pour ne rien oublier !
Je suis dans un état… Vous connaissez la chanson de Radiohead, « I’m not here… This is not happening… » Ben ça, c’est moi, là, maintenant, c’est malin !
Je m’étais préparé le cœur, pourtant… mais je n’avais pas mesuré l’onde de choc que La Rencontre aurait en moi, c’est bizarre de vous écrire alors que je ne sais pas encore bien quoi penser de ce qui nous est arrivé, je n’ai aucun recul, je nage dans des sentiments contradictoires ; mais je devine votre hâte de savoir et je ne voudrais pas me faire traiter de bêcheuse par Troll, alors allons-y !
Par contre faut que je vous prévienne : je ne vais pas avoir le temps de vous raconter tout ce soir, pas tout en une seule fois, impossible ! Et demain soir je vais être ailleurs, je n’aurai pas d’ordi demain, donc pour la suite : mercredi soir au mieux !
Hier, Tessa et moi, nous nous sommes rencontrées pour la première fois. Nous ne nous connaissions que par email, jusqu’à hier. Quand j’avais acheté nos places, il y a un mois, pour la première fois je l’avais appelée et ç’avait été bien émouvant, d’entendre sa voix, après que nous eussions échangé tant de messages grâce à la Toile ! Nous nous sommes rencontrées deux heures à l’avance devant le théâtre, pour avoir le temps de prendre un pot. Une autre de mes amies, Christelle, devait venir à cette représentation, une fille pas comme nous, c'est-à-dire pas sous le charme d’Adja depuis toujours ; pour autant, elle était tentée de La voir sur scène, parce qu’elle savait (grâce à bibi !) qu’Adja sur scène, c’est quelque chose d’incomparable. Je l’avais entraînée à voir « La Dame aux Camélias », elle savait que c’était intense… Elle venait avec trois amies de Nantes, dont une jeunesse de quinze ans, elles étaient au 9ème rang. Tessa et moi, au deuxième rang centré.
La représentation a été intense, cette fois c’est sûr je le sais avec certitude : Mademoiselle Isabelle Adjani ne connaît pas le mot « habitude ». Rien n’est « comme d’habitude », avec elle ! Sa voix rauque s’est élevée pour prier, jeter des imprécations, lancer des ordres, et nous avons été soufflées par sa puissance. Elle a souffert devant nous, si intensément que nous en avions mal pour elle. Elle a été odieuse devant nous, si drôlement que nous ri avec nos voisins le public. Elle a ri férocement et son rire s’est transformé en cri de douleur, et nous avons été pétrifiées. Elle a jeté sa chaise, sous l’emprise de la potion, et les gens du premier rang, juste devant nous, ont eu un mouvement de recul, nous avons bien cru qu’elle allait atterrir sur nous, cette lourde chaise de reine ! Elle a marché jusqu’au bord de la scène, en regardant le ciel, tellement jusqu’au bord que nous avons cru qu’elle allait tomber dans la fosse d’orchestre ! Elle a marché en boîtant, elle a eu du mal à se relever, tout dans son corps exprimait la lutte contre une fatigue ancienne, 20 ans de prison, et nous avons ressenti cet épuisement dans nos propres corps. Elle n’en a fait qu’à sa tête, n’écoutant aucun conseil, aucun ordre, aucune supplique. Elle s’est laissée parer de son habit de lumière tout en s’insurgeant régulièrement, bousculant qui la maquillait, qui l’habillait, et nous avons ri de sa façon d’empoigner son armature, pour s’assoir inopinément. Puis elle s’est dépouillée de ses bijoux, la couronne, la bague, les boucles d’oreilles, avant que les autres ne finissent de la déparer, et jamais, jamais, elle n’a perdu ne serait-ce qu’une once de son impérieuse beauté.
Magique vision ! Inaltérable souvenir !
Je vais vous faire un aveu : « La Dame aux Camélias », je n’avais pas aimé tant que cela. « A part la fin », comme dit tout le monde, j’avais trouvé cela ennuyeux. Bien sûr, il était délectable d’éprouver sa présence, mais l’histoire m’avait semblé vieillotte et ne me touchait pas, du coup ; alors que là, là… C’est du théâtre vivant parce que la pièce dure deux heures et se déroule sur deux heures. C’est une histoire intemporelle parce que des condamnés à mort il y en a toujours eu, sous toutes les latitudes, et faire le bilan de sa vie, se regarder soi-même avec lucidité, nous devrions tous nous y exercer, le monde irait mieux si nous nous y exercions tous régulièrement ! Donc cette pièce-là a plus de résonnance en moi que n’en avait eu « La Dame aux Camélias », elle me parle, me captive, quatrième vision et toujours pas une seconde d’ennui.
Cette fois, Tazyzas, réjouissons-nous : cette fois, il y avait du monde ! Le théâtre était quasi plein, et « le rideau à peine tombé, la salle s’est levée, hurlant son plaisir », comme ils écrivent dans le Figaro. Le visage d’Adja irradiait de ce sourire incrédule que nous chérissons tant, et nous avons beau savoir quelle comédienne elle est, je donnerais ma main, que dis-je, ma tête à couper que ce sourire et cette incrédulité étaient absolument sincères. A chaque fois, elle n’en revient pas, et là, si ça fait plusieurs jours que le théâtre se dépeuple et que le public ne se déchaîne pas à la fin, comme quand j’y étais avec Elli mercredi, eh bien l’on peut comprendre que quand la ferveur revient, elle n’ose y croire. C’est une joie intense chaque fois renouvelée, tant mieux si nous pouvons lui procurer ce plaisir, à elle qui nous donne tant !
Mon amie Christelle, comme en 2000 devant « Madame Camélias », a été ébahie de cet enthousiasme. Elle le comprend, elle le partage, mais c’est unique, elle n’a jamais connu cela devant d’autres spectacles de théâtre. Nous étions dimanche, le dimanche n’est pas le jour des Parigots têtes de veaux ni des blasés, le dimanche c’est le jour des motivés, le dimanche les gens viennent de toute la France… « de Lyon ! » a dit un jeune homme, pendant la séance de dédicaces, « de Londres ! » a lancé un autre, et là, Adjani a marqué l’arrêt : « de Londres ? »
- Eh oui, a répondu le jeune homme. Pourquoi ne venez-vous pas jouer à Londres ?
- Vous croyez que ça marcherait ? (vous vous rendez compte ? Elle a demandé ça !)
- Bien sûr ! Tous les Français de Londres viendraient vous voir, et ils sont nombreux !
- Oui, la communauté française, bien sûr, mais les Anglais ? C’est leur patrimoine, tout de même, je ne suis pas sûre qu’ils apprécieraient, je ne me risquerais pas à jouer cette pièce-là sur leur territoire…
Et voilà… 20 heures sonnent… Après 20 heures je n’ai plus le droit à l’ordinateur… mais je vous promets que j’ai encore plein à vous raconter, et que je le ferai, mercredi si possible, sinon jeudi, enfin dès que ma belle vie m’en laisse le temps !
Bisous-Bonsoir !
Dommage que tu n'aies pas eu plus de temps hier soir...
En tout cas merci pour ce récit. ça fait plaisir ! Moi j'ai aimé quand tu as dit quand on parlait des actrices (entres autres Huppert, Adjani) : "Adjani, c'est autre chose ! Elle, elle me réchauffe le coeur !"
J'ai été ravie de te rencontrer tout court.
Hey, Loquita, tu as oublié de préciser ce qu'a dit Adjani quand le "londonnien" lui a dit qu'il vient de Londres. Elle a dit en riant :"Mais vous n'aviez pas autres choses à faire ?" que de venir voir "Marie Stuart" (elle a beaucoup d'humour !!) et je sais plus ce que lui a répondu le londonien mais il lui a fait comprendre qu'il tenait à venir et que ça valait vraiment le coup. Je me souviens que quand elle a dit " Mais vous n'aviez pas autres choses à faire ?", tout le monde a ri, souri...
Bon je vais vous raconter notre rencontre divine avec adjani tel que je l'ai vécu. Loquita, on attend quand même ta version complète (parce que j'aime bien te lire) mais ne te presse pas surtout, on a tout le temps.. bises à vous tous !
Ma rencontre divine avec Adjani.
J’ai réalisé mon rêve de gamine : voir isabelle adjani au théâtre et je l’ai vu deux fois !!
Dimanche 10 septembre 2006
Quelle émotion de la voir sur les planches pour la première fois, de la voir tout court, et en vrai, devant moi !
En dehors de la représentation, j’ai ce souvenir d’elle qui me reste encore dans la tête : c’était après la représentation, quand tout le monde rentre chez soi. Je me souviens encore l’avoir vu marcher jusqu'à sa voiture où l'attendaient son compagnon, son fils et un ami de son fils, elle était vêtue de noir, elle avait une sorte de cagoule noire, (celle de bon voyage ?) qui lui va à merveille. Près de sa voiture, un sans domicile fixe avec un chien s'est approché d'elle et ils ont discuté pendant 2 ou 3 minutes. Puis elle est entrée dans sa voiture et est partie. Je me souviens que le sans domicile fixe était aux anges, je lui ai demandé qu'il nous raconte un peu et il m'a répondu : "elle est sublime, il n'y a rien à dire. Et elle est d'une gentillesse surtout".
Dimanche 3 décembre 2006
16h. Loquita et moi étions au 2ème rang en orchestre, place 17 et 18. Les places de « ceux qui n’en perdent pas une miette ». La salle était quasiment pleine. Quel immense plaisir de revoir la pièce, de scruter les moindres détails qui m’ont échappé lors de la première représentation !
Les moments les plus forts qui restent imprimés dans mon cerveau, c’est ce cri d’Adjani, dos tournés, mains contre le mur. Pour rien vous cacher, j’éprouve parfois aussi cette envie de crier, de libérer quelque chose, je ne sais pas comment l’expliquer… Ce que j’aime beaucoup, ce sont les rires de folie d’Adjani et de Rémi Symmons (Rémi Bichet) après avoir bu la potion magique. Ça me libère et me soulage énormément des émotions transmises par l’actrice durant les scènes très tristes précédant justement l’épisode de la coupe.
Je fais partie de ces gens dits « sensibles » : quand Adjani pleure, mes larmes montent aussi et elles n’attendent que de sortir et c’est très difficile de les contenir, les retenir. J’essaie de penser à autre chose, de me dire que c’est un jeu que c’est pas vrai, mais rien n’y fait, puisque l’actrice sait toucher notre affect, là où ça fait mal.
Adjani joue admirablement son rôle, les autres comédiens sont très bons aussi et c’est bien l’ensemble qui fait de la pièce un succès. J’adore aussi ces jeux de théâtre sur les voix quand tout le monde se met à parler dans tous les sens autour de la condamnée.
A la fin de la représentation, Loquita me dit : « Allez, on se lève ? » Et moi : « Ah, Oui ! » Et hop ! C’est parti pour de grands applaudissements. Aux premiers rangs et de partout dans la salle, on entendait : « Bravo ! ». Loquita lançait : « Merci ! » et moi toute contente : « Ouais !!!! »
19h. La divine IA descend les marches avec son compagnon. Elle a le sourire aux lèvres, des lunettes et un très beau bonnet de laine. Elle s’installe à l’une des tables. Autour d’elle, il y a beaucoup de monde qui l’attendait. Des mamies lui présentent de belles photos couleur imprimées sur du papier glacé, que l’actrice signe, dédicace volontiers.
Viens le tour de Loquita qui déplie volontiers son grand poster du temps de Camille Claudel que son amie lui avait offert pour son anniversaire (quel beau cadeau !). Apparemment Adjani ne l’avait jamais vu, celui-là. « J’en découvre de jour en jour », a-t-elle dit.
Viens mon tour ! Je prends mes aises et je m’assois en face d’Elle. Je lui remets tout d’abord un cadeau : un livre « Les Contes kabyles ». Au cas où elle aurait envie d’explorer ses racines kabyles… Je lui ai dit : « J’espère que ça vous plaira », sachant que mon cadeau était emballé. Elle répond en souriant : « Mais c’est déjà Noël ? » Je lui réponds : « Mais oui ! Noël, ça commence… » Ensuite j’ai sorti deux feuilles sur lesquelles j’avais imprimé en noir et blanc une photo d’elle. Je lui explique : « J’ai promis un autographe à ma petite nièce qui voulait venir avec moi mais vu son âge j’ai préféré ne pas l’emmener ». « Quel âge a-t-elle ? », m’a-t-elle demandé. Je lui réponds « 9 ans. ». Elle m’a expliqué qu’elle comprenait, que ça pouvait heurter la sensibilité à cet âge. Sur la première feuille, elle a alors écrit : « Des bises pour Aini. Signé IA ». et et… il y avait le petit soleil ;) en dessous. C’est trop mignon. Ma nièce était très contente quand je lui ai donné la dédicace, celle de « Viviane » qu’elle connaît bien.
Ensuite pour la deuxième feuille, elle m’a demandé « c’est pour qui ? ». Eh bien, devant tout le monde autour, j’ai donné mon prénom et lui ai dit : « C’est pour moi ! Je souhaiterais l’accrocher dans ma chambre ! ». Je l’ai remercié pour ces dédicaces et lui ai souhaité une bonne soirée. Elle m’a répondu par ce sourire que j’aime tant, qui lui font apparaître de si belles joues de bonne vivante !
Je la quitte, puis reviens la voir : « Excusez-moi ! J’ai oublié de vous demander… Pour quand est prévue la sortie de votre album ? ». Elle me répond après un long temps de réflexion : « 2007. », précise « au plus tard fin février, mars. »
Voilà ces deux journées resteront toujours gravées dans ma mémoire et je m’en souviendrai toute ma vie.
Oups ! Pour la réplique d'Adjani à la personne qui venait de loin, je me suis trompé ! Ce n'était pas le "londonnien", mais c'était au "lyonnais" qu'elle avait dit "Mais vous n'avez pas autres choses à faire que de venir me voir".
;)
Loquita et patrick , j'ai supprimé vos posts...
Vous savez pourquoi... je les mettrai en 1ère page ...
Ps: Patrick j'ai un message à faire passer en anglais (beaucoup de gens viennent d'islande, irlande, royaume uni, EU ....)
J'aimerais, beaucoup, mais beaucoup savoir pourquoi ils consultent ce blog....si tu pouvais me faire un joli message, que je mettrai ensuite sur ce blog , ca serait gentil...
Thanks
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