Si vous trouvez d'autres liens , n'hésitez pas , je complèterai au fur et à mesure ...
Critique par abusdeciné
Une journée pas si ordinaire
Dire qu’on attendait ce premier long-métrage signé Alexandre Astier est un euphémisme. L’artiste lyonnais, scénariste-réalisateur-acteur de la série "Kaamelott", tente depuis plusieurs années de porter sur grand écran sa création. Mais le projet, évidemment ambitieux, mettant un certain temps à se monter, le voilà qui fait ses débuts de cinéaste avec un film intimiste, loin de l’univers décalé du Roi Arthur et de ses chevaliers. Intimiste, c’est bien le mot qui définit le mieux ce drôle de film qu’est "David et Madame Hansen", tant il est porté par ses personnages, décrivant leurs relations au travers de dialogues incisifs.
En privilégiant une unité de temps (une journée) et de lieu (une route et une maison), Astier verrouille sa narration, et se laisse toute latitude pour créer sa fiction et faire exister ses protagonistes. S’il démarre comme un road-movie, "David et Madame Hansen" prend rapidement la forme d’une chronique douce et mélancolique, les quatre personnages principaux du film formant un quatuor humain aux caractères attachants et, finalement, complémentaires.
Scénariste chevronné (il a écrit la totalité des 458 épisodes de "Kaamelott"), Astier cultive un humour à froid particulièrement savoureux, parfaitement retranscrit dans des dialogues d’un naturel confondant, et parvient à tenir sur la longueur une rigueur d’écriture plaisante. Réécrit pour Isabelle Adjani après le départ controversé d’Alain Delon, l’exigeant rôle principal permet à l’actrice de nous étonner à nouveau, face à un Alexandre Astier volontiers en retrait. Une justesse de ton et d’interprétation qui donne à ce premier film un agréable parfum de comédie dramatique osée et humaniste.
En abordant un sujet aussi difficile que la gestion d’un traumatisme, Astier brosse donc des portraits malicieux, qu’il illustre avec goût par quelques idées de mise en scène judicieuses (la scène de la Lamborghini). Un premier pas dans la réalisation qui ne donne qu’une envie : que la trilogie consacrée au Royaume de Camelot puisse enfin voir le jour, tant son cinéaste prouve ici qu’il a l’étoffe dont sont faits les meilleurs conteurs.
En privilégiant une unité de temps (une journée) et de lieu (une route et une maison), Astier verrouille sa narration, et se laisse toute latitude pour créer sa fiction et faire exister ses protagonistes. S’il démarre comme un road-movie, "David et Madame Hansen" prend rapidement la forme d’une chronique douce et mélancolique, les quatre personnages principaux du film formant un quatuor humain aux caractères attachants et, finalement, complémentaires.
Scénariste chevronné (il a écrit la totalité des 458 épisodes de "Kaamelott"), Astier cultive un humour à froid particulièrement savoureux, parfaitement retranscrit dans des dialogues d’un naturel confondant, et parvient à tenir sur la longueur une rigueur d’écriture plaisante. Réécrit pour Isabelle Adjani après le départ controversé d’Alain Delon, l’exigeant rôle principal permet à l’actrice de nous étonner à nouveau, face à un Alexandre Astier volontiers en retrait. Une justesse de ton et d’interprétation qui donne à ce premier film un agréable parfum de comédie dramatique osée et humaniste.
En abordant un sujet aussi difficile que la gestion d’un traumatisme, Astier brosse donc des portraits malicieux, qu’il illustre avec goût par quelques idées de mise en scène judicieuses (la scène de la Lamborghini). Un premier pas dans la réalisation qui ne donne qu’une envie : que la trilogie consacrée au Royaume de Camelot puisse enfin voir le jour, tant son cinéaste prouve ici qu’il a l’étoffe dont sont faits les meilleurs conteurs.
Frédéric Wullschleger
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Alexandre Astier est venu présenter David et Madame Hansen en avant-première au Festival d’Angoulême. L’occasion d’évoquer avec lui la "chance" qu’il a eue de tourner avec Isabelle Adjani et son choix de ne pas faire... Une comédie!
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Critique du Parisien
Ce n’est pas parce qu’Isabelle Adjani joue dans un film qu’il est bon. Du talent, l’interprète de « Camille Claudel » en a à revendre. La question est : pourquoi est-il si mal employé? pourquoi ne choisit-elle pas de meilleurs scénarios? L’histoire de cette patiente qui a perdu la mémoire, embarquée en ambulance par un ergothérapeute qui ne s’y attendait pas, n’a aucun intérêt. Tourné par Alexandre Astier, dont le nom est associé à celui de « Kaamelott », ce film est anémique, avec quelques scènes parfois grotesques. Combien coûte une place de cinéma, déjà?
Pas de nom !
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Critique de l'Alsace
C’est une silhouette, un peu empâtée, qui se profile dans l’obscurité d’un couloir de clinique. Dès le générique de David et Madame Hansen, Isabelle Adjani est là. Dans l’ombre encore dont Alexandre Astier va petit à petit la faire émerger. Car, qu’on le veuille ou non, on a (aussi) envie de voir ce film à cause de la reine Isabelle. Parce qu’on ne saurait se contenter d’une apparition, fantomatique au sens propre du terme, dans Mammuth tandis que De force, l’an dernier, a filé sur l’écran à la vitesse d’une (pâle ?) météorite. Car Isabelle Adjani n’a plus honoré le cinéma de sa coruscante présence depuis La journée de la jupe en 2008. C’est peu pour une légende vivante. Alors forcément, on scrute cette Madame Hansen pour débusquer la grande Isabelle. Et débusquer est bien le mot puisque Madame Hansen-Bergmann est longtemps tapie dans l’ombre, réelle et mentale, avant de venir tout doucement vers une lumière qui a les couleurs du Cap canaille, le tableau (et… le paysage) de Paul Signac. On l’a dit, le film d’Alexandre Astier est un exercice délicat, voire périlleux et il faut un peu de temps pour entrer dans un jeu en décalages et en ruptures de ton. D’emblée, on songe à un « thriller médical » mais Astier embarque le spectateur sur d’autres pistes, celles du road-movie et de la chronique psychologique mâtinée de saillies quasi-burlesques comme ce personnage de médecin-directeur de la clinique vaudoise qui se délecte du Dom Juan de Mozart et… de glaces aux fruits. Ergothérapeute depuis peu, David exerce dans une riche clinique suisse. Lorsqu’un matin, une collègue manque à l’appel, c’est à lui qu’on confie une patiente à accompagner pour une course en ville : Madame Hansen-Bergmann. D’abord prudent et respectueux du protocole médical, David va laisser sa curiosité grandir au fur et à mesure qu’il côtoie son étrange patiente et cela même si elle lui trouve une… tête de pizzaïolo. Pour éviter toute référence à Kaamelott, Astier n’emploie, ici, aucun acteur de la série télé. D’ailleurs, le film se concentre, doucement, sur le face-à-face entre un type normal et une femme mystérieuse (on la devine riche et très lancée dans le domaine de l’art) qui passe de la provocation et de l’insolence à de soudaines vagues de détresse et de chagrin inexpliquées. Tandis que David et Madame Hansen s’éloignent de la clinique, de ses traitements et de sa porte avec un petit poisson rouge, le film glisse vers le conte. L’ergothérapeute oublie ses protocoles et Madame Hansen va faire face à ses traumatismes. Et c’est dans une piscine vide (très altmanienne) qui est sans doute un clin d’œil à un fameux Pull marine, que vont doucement (tendrement ?) se dénouer des blocages. On ne sait si c’est bien sérieux sur le plan scientifique mais c’est assez joli cinématographiquement… On imagine volontiers le plaisir du cinéaste d’avoir Isabelle Adjani devant sa caméra. Le nôtre n’est pas mal non plus. Isabelle Adjani n’a plus la jeunesse éclatante de L’été meurtrier ou de Mortelle randonnée. Et si elle s’applique à masquer du temps l’irréparable outrage, la comédienne distille une grâce intacte.
«Mon premier film est un drame, c’est inattendu, certains seront déçus, mais je l’ai quand même fait.» Alexandre Astier ou la détermination et le courage. Un courage récompensé par la participation remarquée d’Isabelle Adjani, «une icône du cinéma français, et il n'y en a pas cinquante» selon lui, dans son premier long-métrage.
Dans David et Madame Hansen, le célèbre Arthur de Kaamelott incarne un ergothérapeute, qui prend en charge Madame Hansen, une mystérieuse patiente victime d’un choc post-traumatique lui causant insomnies, isolement, et absences…
Personne ne sait qui se cache vraiment derrière les grosses lunettes de Madame Hansen. Et David va devoir passer une journée avec elle, tentant de s’accommoder de ses côtés extrêmement désagréables et de comprendre ce qu’elle a vécu.
L'écriture Astier, bien connue des téléspectateurs, se retrouve au fil de ce road movie plein de suspense, plutôt noir: «c’est une part très forte de ma personnalité. Je ne veux pas m’en détacher. C’est moi.» Résultat: Adjani balance, et Astier lui répond. La tendresse qu’ont l’un pour l’autre David et Madame Hansen ne prend jamais le pas sur les vannes qu’ils s’échangent. D’où le terme de «dramédie»...
Isabelle Adjani livre encore une prestation inoubliable de «malade» capricieuse, tantôt insupportable, tantôt vulnérable et souvent très drôle: «c'est une actrice totale, au plus profond d'elle-même et elle a l'instinct parfais du texte qu'elle va interpréter. Généralement, quand elle fait une remarque, ce n'est pas pour elle, il n'y a pas de narcissisme dans son jeu. C'est toujours quelque chose qui va être immédiatement en intelligence avec son personnage», déclare un Alexandre Astier conquis: «Isabelle Adjani fait maintenant partie des gens qui m'émeuvent le plus. Tout court.»
Allez-donc la voir, mercredi 29 août dans David et Madame Hansen!
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Critique du Télégramme
Après une période de vaches maigres, Isabelle Adjani effectue son grand retour à l'écran. Elle forme ici un excellent duo avec le réalisateur-acteur Alexandre Astier dans un film par ailleurs inégal.
Comédie dramatique de et avec Alexandre Astier, Isabelle Adjani. La très riche Madame Hansen est soignée pour des troubles de mémoire intermittents dans une très luxueuse clinique suisse. David, ergothérapeute, est chargé de l'accompagner en ville pour lui permettre de faire ses courses. Mais la dame va se révéler la pire des enquiquineuses. Elle va entraîner David bien loin de la clinique dans une aventure haletante au cours de laquelle il recueillera suffisamment d'indices pour conduire à l'explication du traumatisme de la mystérieuse Madame Hansen.
Répliques savoureuses et situations cocasses
Alexandre Astier, rendu populaire par la série «Kamelott» à la télévision, est à la fois le producteur, l'auteur et le metteur en scène de ce film hybride. La première partie, très réussie, se déroule en effet sur un ton de comédie plutôt folle, opposant un homme tranquille à une femme en contradiction permanente, capricieuse, odieuse, méprisante dans ses moments de lucidité, et émouvante et paumée lorsqu'elle décroche du réel. Il s'ensuit un ping-pong verbal aux répliques savoureuses et nombre de situations cocasses. Puis, quand David mène une enquête psychologique et veut provoquer l'électrochoc qui guérira peut-être sa patiente, la fantaisie (et l'intérêt) s'estompe, et quelques longueurs apparaissent.
Un rôle en or pour Adjani
L'ensemble dégage cependant un certain charme grâce aux beaux décors naturels, à l'originalité du sujet, et surtout au talent des comédiens. On retrouve ainsi pleinement celui d'Isabelle Adjani qui, depuis «La journée de la jupe» il y a huit ans, s'était égarée dans trop de productions médiocres. Séduisante, même si elle cache trop souvent ses magnifiques yeux bleus derrière des lunettes noires, elle exprime en virtuose les deux facettes de Madame Hansen, tantôt extravagante, tantôt touchante, toujours envoûtante. Ce qui s'appelle un rôle en or. Face à elle, Alexandre Astier lui donne la réplique avec aisance. Leur tandem rappelle, toutes proportions gardées, celui des grands classiques joués par Cary Grant et Katharine Hepburn. Auprès d'eux, deux personnages interprétés par Julie-Anne Roth et Alain Chambon font partie du voyage.
Car c'est bien d'un face-à-face dont il s'agit ici où Astier, définitivement l'homme orchestre de ce film, donne la réplique savoureuse à une Adjani qui interprète cette Madame Hansen du titre atteinte d'une maladie de la mémoire post-traumatique. Lui est ergothérapeute. Il vient d'être embauché dans cette clinique suisse où ne réside que des malades quatre étoiles. Première mission : accompagner cette Madame Hansen en ville pour qu'elle puisse acheter des chaussures. La sortie va pour le moins s'éterniser... De ce vrai-faux canevas qui ferait penser sur le papier à une sorte de road movie linéaire propre à se transformer en chronique psychologique, Astier surprend encore pour finalement mettre en scène une histoire terriblement non conformiste, empreinte d'une humanité débordante et caviardée de répliques à l'humour qui fond dans la bouche.
Pour autant David et Madame Hansen n'est pas qu'un film où l'auteur aurait bien ingurgité ses classiques et ses influences pour mieux les tordre ou les moderniser. Alexandre Astier se contrefout de rendre une partition proprette se balançant entre de l'ancien et du moderne. Car c'est de sa musique bien à lui dont il est question ici. De celle lancinante qui ne vous lâche plus bien après la projection à l'instar de la bande originale du film que... Astier a composée lui-même. Quand on vous dit que l'on est à l'aube d'une très grande carrière de cinéma.
Isabelle Adjani dans la première réalisation cinématographique d’Alexandre Astier, créateur de la série télé Kaamelott... Un feel-good movie qui fait mouche.
L’argument : David est ergothérapeute. Il exerce depuis peu dans une riche clinique suisse. Alors que, un matin, il manque une de ses collègues à l’appel, on lui confie une patiente à accompagner pour une course en ville : Madame Hansen-Bergmann. D’abord prudent et respectueux du protocole médical, David se montre procédurier. Mais au fur et à mesure qu’il côtoie sa patiente, sa curiosité grandit : tant de provocation et d’insolence, mêlées à de si soudaines vagues de détresse et de chagrin inexpliquées, ne peuvent cacher qu’un grand traumatisme. Ils ne reviendront pas à l’heure prévue…
Notre avis : On pouvait attendre non sans appréhension la première incursion d’Alexandre Astier dans la réalisation de cinéma. Le créateur de Kaamelott y était-il à sa place ? On en doutait, d’autant qu’il occupe également les casquettes de compositeur, scénariste et acteur principal... Beaucoup pour un premier essai, tourné dans le plus grand secret avec le mythe Adjani à qui, curieusement, malgré une carrière historique dans le cinéma français, on demande toujours de faire ses preuves, notamment au box-office ! Inepte.
Pourtant Madame Hansen, c’est Adjani, entièrement. Transposée en star de feel-good movie façon Miss Daisy et son chauffeur, Rain Man ou Intouchables, l’actrice irradie l’écran. Poupée de porcelaine en surface forte, elle incarne une malade qui, à la suite d’un accident de voiture, s’égare dans l’oubli profond, revenant à la surface pour insulter le personnel hospitalier et montrer ses origines sociales dominantes. Caustique, elle est hilarante d’humour vachard qui lui va si bien... L’actrice retrouve donc la comédie, celle de Tout feu tout flamme, L’année prochaine si tout va bien, Bon voyage ou du catastrophique Toxic affair. Elle est parfaitement à l’aise dans un domaine qui ne l’éloigne pas vraiment de son répertoire dramatique tant récompensé. On sent dans cette femme de poigne une si grande vulnérabilité qui ne peut que nous conduire vers le plus affreux des secrets pour mieux la guérir de ses traumas indicibles.
Dirigée par Astier, Adjani trouve toute l’assurance d’exister dans sa grandeur, tout en laissant vivre le casting plus humble autour d’elle... Un retour au source dans un cinéma d’une plus grande intimité, avec éclat et splendeur (elle est toujours d’une indéniable beauté). On comprend très vite les intentions commerciales d’Astier, faciles au premier abord, consistant à toucher les foules par un sujet sensible (la maladie et le drame qui conduit à la dépendance) au travers d’un recours à l’humour fédérateur, à l’instar de Rain Man ou d’Intouchables. Si le réalisateur a encore ses preuves à faire dans bien des domaines abordés, notamment la musique, pas toujours des plus fines, il dégage de ses efforts protéiformes une modestie nécessaire à la réussite de ce road-movie aux portes de l’amnésie et donc d’une certaine folie qui donne toujours raison aux plus décalés, à savoir la malade et à son souffre-douleur iconoclaste, un ergothérapeute improvisé chauffeur le temps d’un après-midi inoubliable, qui va bousculer les habitudes de la dame.
On en ressort léger, avec plein de très bons souvenirs de cinéma en tête, sans jamais oublier les menus défauts, secondaires, certes, mais qui empêcheront ce duo improbable de nous faire revivre le phénomène Intouchables
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Critique du Monde
L'ergothérapeute et sa patiente sortent de la clinique pour une petite course en ville qui se transforme bientôt en escapade au long cours, doublée d'une cure express. S'installe entre les deux personnages une relation qui évoque surtout les rapports entre un metteur en scène débutant et une star. D'ailleurs, comme un vrai metteur en scène, le thérapeute s'appuie sur une petite équipe, en l'occurrence Clémence, sa petite amie (Julie-Anne Roth), et Hugo, le frère de cette dernière (Victor Chambon) embarqués dans l'escapade.
Cicatrice
Pour David comme pour Alexandre Astier, il s'agit de briser la carapace, aussi impressionnante soit-elle. Si bien que David et Madame Hansen tient grâce à un double suspense : la patiente, victime d'un mystérieux accident qui lui a laissé une élégante cicatrice sur la joue, retrouvera-t-elle goût à la vie ? Isabelle Adjani trouvera-t-elle sa place dans le film ?
Pour obtenir des réponses positives, Alexandre Astier fait preuve d'une habileté presque retorse. Il se sert de certains des mécanismes dramatiques propres aux drames médicaux, tout en s'en jouant. Il flirte avec la mort, omniprésente dans le scénario (Clémence et Hugo se remettent à peine de la perte de leur père) sans la prendre trop au sérieux, et trouve dans le décor d'une villa abandonnée un espace mélancolique et vaguement menaçant, idéal pour provoquer le paroxysme thérapeutique attendu. Pour cette conclusion, très (trop) sagement, le scénariste-réalisateur-interprète et compositeur de David et Madame Hansen se plie aux conventions du récit qu'il a mis en mouvement.
Il arrive souvent que des metteurs en scène-interprètes mâles fassent tourner des stars féminine pour s'en faire les amants à l'écran. Le geste d'Alexandre Astier, qui se met en scène en directeur d'acteur d'un monstre sacré, est une variante inattendue, exécutée avec élégance.
Tomas Sotinel
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Critique de Télérama
Dans David et Madame Hansen, le célèbre Arthur de Kaamelott incarne un ergothérapeute, qui prend en charge Madame Hansen, une mystérieuse patiente victime d’un choc post-traumatique lui causant insomnies, isolement, et absences…
Personne ne sait qui se cache vraiment derrière les grosses lunettes de Madame Hansen. Et David va devoir passer une journée avec elle, tentant de s’accommoder de ses côtés extrêmement désagréables et de comprendre ce qu’elle a vécu.
L'écriture Astier, bien connue des téléspectateurs, se retrouve au fil de ce road movie plein de suspense, plutôt noir: «c’est une part très forte de ma personnalité. Je ne veux pas m’en détacher. C’est moi.» Résultat: Adjani balance, et Astier lui répond. La tendresse qu’ont l’un pour l’autre David et Madame Hansen ne prend jamais le pas sur les vannes qu’ils s’échangent. D’où le terme de «dramédie»...
Isabelle Adjani livre encore une prestation inoubliable de «malade» capricieuse, tantôt insupportable, tantôt vulnérable et souvent très drôle: «c'est une actrice totale, au plus profond d'elle-même et elle a l'instinct parfais du texte qu'elle va interpréter. Généralement, quand elle fait une remarque, ce n'est pas pour elle, il n'y a pas de narcissisme dans son jeu. C'est toujours quelque chose qui va être immédiatement en intelligence avec son personnage», déclare un Alexandre Astier conquis: «Isabelle Adjani fait maintenant partie des gens qui m'émeuvent le plus. Tout court.»
Allez-donc la voir, mercredi 29 août dans David et Madame Hansen!
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Critique du Télégramme
Après une période de vaches maigres, Isabelle Adjani effectue son grand retour à l'écran. Elle forme ici un excellent duo avec le réalisateur-acteur Alexandre Astier dans un film par ailleurs inégal.
Comédie dramatique de et avec Alexandre Astier, Isabelle Adjani. La très riche Madame Hansen est soignée pour des troubles de mémoire intermittents dans une très luxueuse clinique suisse. David, ergothérapeute, est chargé de l'accompagner en ville pour lui permettre de faire ses courses. Mais la dame va se révéler la pire des enquiquineuses. Elle va entraîner David bien loin de la clinique dans une aventure haletante au cours de laquelle il recueillera suffisamment d'indices pour conduire à l'explication du traumatisme de la mystérieuse Madame Hansen.
Répliques savoureuses et situations cocasses
Alexandre Astier, rendu populaire par la série «Kamelott» à la télévision, est à la fois le producteur, l'auteur et le metteur en scène de ce film hybride. La première partie, très réussie, se déroule en effet sur un ton de comédie plutôt folle, opposant un homme tranquille à une femme en contradiction permanente, capricieuse, odieuse, méprisante dans ses moments de lucidité, et émouvante et paumée lorsqu'elle décroche du réel. Il s'ensuit un ping-pong verbal aux répliques savoureuses et nombre de situations cocasses. Puis, quand David mène une enquête psychologique et veut provoquer l'électrochoc qui guérira peut-être sa patiente, la fantaisie (et l'intérêt) s'estompe, et quelques longueurs apparaissent.
Un rôle en or pour Adjani
L'ensemble dégage cependant un certain charme grâce aux beaux décors naturels, à l'originalité du sujet, et surtout au talent des comédiens. On retrouve ainsi pleinement celui d'Isabelle Adjani qui, depuis «La journée de la jupe» il y a huit ans, s'était égarée dans trop de productions médiocres. Séduisante, même si elle cache trop souvent ses magnifiques yeux bleus derrière des lunettes noires, elle exprime en virtuose les deux facettes de Madame Hansen, tantôt extravagante, tantôt touchante, toujours envoûtante. Ce qui s'appelle un rôle en or. Face à elle, Alexandre Astier lui donne la réplique avec aisance. Leur tandem rappelle, toutes proportions gardées, celui des grands classiques joués par Cary Grant et Katharine Hepburn. Auprès d'eux, deux personnages interprétés par Julie-Anne Roth et Alain Chambon font partie du voyage.
- André Rivier
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Alexandre Astier est un challenger. Ce premier
film, il l’a écrit, réalisé et en a produit la musique. Et, au cas où cela ne
suffirait pas, choisi d’y diriger Alain Delon. Avant de se tourner, pour le
remplacer, vers Isabelle Adjani. C’était visionnaire : dans « David et
Madame Hansen », ce qu’il parvient à faire faire à la comédienne-diva est
une prouesse en soi.
Internée dans une clinique chère et suisse-c’est un pléonasme-elle joue Madame Hansen-Bergman, riche patiente devenue amnésique suite à un accident. Astier y interprète David, l’ergothérapeute qui se voit confier pour une journée la démente bourgeoise. Une simple sortie, croit-il. Jusqu’à ce qu’elle l’entraine dans les montagnes russes de son état mental, passant en un éclair d’un caprice enfantin à une analyse aussi pointue que cynique. Comme un savant mélange de ce qu’elle était sans doute, avant. Dans ce tandem improvisé, lui la met au pied au du mur, celui érigé entre elle et ce passé dont elle ne peut (veut ?) pas se souvenir.
On disait Astier passionné de musique, c’était ignorer son rapport à l’image. Outre cette tension qui ne nous quitte pas, il nous livre des flash-back léchés et un univers poétique avec en guise d’apothéose, Adjani au fond d’une piscine vide. Elle n’y porte pas de petit pull marine mais un grand pyjama et n’hésite pas à s’affubler d’une panoplie ridicule. Aussi rafraichissant que la toute dernière scène du film où son chef de service-interprété par l’excellent Jean-Charles Simon-explique le plus sérieusement du monde à David ce qu’un parfum de glace dit sur la personnalité de celui qui le choisit : du chocolat pour les gens « tristes », de la vanille pour ceux qui voudraient que rien ne change et des fruits pour ceux qui ont besoin de s’amuser. A ce jeu-là, Astier et Adjani partageraient sans doute trois boules framboise.
Internée dans une clinique chère et suisse-c’est un pléonasme-elle joue Madame Hansen-Bergman, riche patiente devenue amnésique suite à un accident. Astier y interprète David, l’ergothérapeute qui se voit confier pour une journée la démente bourgeoise. Une simple sortie, croit-il. Jusqu’à ce qu’elle l’entraine dans les montagnes russes de son état mental, passant en un éclair d’un caprice enfantin à une analyse aussi pointue que cynique. Comme un savant mélange de ce qu’elle était sans doute, avant. Dans ce tandem improvisé, lui la met au pied au du mur, celui érigé entre elle et ce passé dont elle ne peut (veut ?) pas se souvenir.
On disait Astier passionné de musique, c’était ignorer son rapport à l’image. Outre cette tension qui ne nous quitte pas, il nous livre des flash-back léchés et un univers poétique avec en guise d’apothéose, Adjani au fond d’une piscine vide. Elle n’y porte pas de petit pull marine mais un grand pyjama et n’hésite pas à s’affubler d’une panoplie ridicule. Aussi rafraichissant que la toute dernière scène du film où son chef de service-interprété par l’excellent Jean-Charles Simon-explique le plus sérieusement du monde à David ce qu’un parfum de glace dit sur la personnalité de celui qui le choisit : du chocolat pour les gens « tristes », de la vanille pour ceux qui voudraient que rien ne change et des fruits pour ceux qui ont besoin de s’amuser. A ce jeu-là, Astier et Adjani partageraient sans doute trois boules framboise.
Lisa Vignoli
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Le cinéma d'Alexandre Astier respire l'intelligence au détour de chaque plan qu'il a mis en boîte ou de chaque dialogue qu'il a pondu. Mais pas uniquement. Il y a aussi une bonne dose d'amour dans sa façon de filmer Adjani qui n'a jamais été aussi belle, radieuse, impliquée et tout simplement actrice depuis... La reine Margot et ce même si l'on a une pensée toute particulière pour La journée de la jupe. Mais pas uniquement. Il y a surtout dans David et Madame Hansen l'étincelle d'une promesse que tout cela ne sera pas oublié par la suite. Comme si nous étions à l'aube d'une incroyable filmographie.
Pour les quelques cancres du fond, Alexandre Astier est le créateur, non, l'âme de la série Kaamelott, qui lui a permis de se forger une reconnaissance à la fois publique et professionnelle assez unique et complètement méritée. Dire alors que l'on attendait le lascar (et que dire de ses producteurs) dans une suite au cinoche des aventures d'Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde était un euphémisme que l'intéressé s'est empressé de prendre à contre-pied en s'attelant à ce film issu d'un projet vieux de dix ans. Si la chose est donc murie et complètement assumée, on ne peut s'empêcher d'être abasourdi par tant de maîtrise formelle dont la direction d'acteurs au cordeau est le sommet de l'iceberg. C'est devenu d'ailleurs une denrée suffisamment rare dans notre cinéma pour le souligner. Et quand en plus on parle ici d'un premier long avec une certaine Isabelle Adjani, la maîtrise en question n'en devient que plus impressionnante. Astier fait au demeurant montre d'un savoir-faire « old school » qui n'est pas sans rappeler une Mireille Darc chantant sous la prose d'un certain Michel Audiard. Quant à sa caméra, elle s'attarde, se reprend, se pose en des champs-contre-champs on ne peut plus classiques comme des clins d'œil appuyés à la grammaire cinématographique d'un Claude Miller façon Garde à vue. Car c'est bien d'un face-à-face dont il s'agit ici où Astier, définitivement l'homme orchestre de ce film, donne la réplique savoureuse à une Adjani qui interprète cette Madame Hansen du titre atteinte d'une maladie de la mémoire post-traumatique. Lui est ergothérapeute. Il vient d'être embauché dans cette clinique suisse où ne réside que des malades quatre étoiles. Première mission : accompagner cette Madame Hansen en ville pour qu'elle puisse acheter des chaussures. La sortie va pour le moins s'éterniser... De ce vrai-faux canevas qui ferait penser sur le papier à une sorte de road movie linéaire propre à se transformer en chronique psychologique, Astier surprend encore pour finalement mettre en scène une histoire terriblement non conformiste, empreinte d'une humanité débordante et caviardée de répliques à l'humour qui fond dans la bouche.
Pour autant David et Madame Hansen n'est pas qu'un film où l'auteur aurait bien ingurgité ses classiques et ses influences pour mieux les tordre ou les moderniser. Alexandre Astier se contrefout de rendre une partition proprette se balançant entre de l'ancien et du moderne. Car c'est de sa musique bien à lui dont il est question ici. De celle lancinante qui ne vous lâche plus bien après la projection à l'instar de la bande originale du film que... Astier a composée lui-même. Quand on vous dit que l'on est à l'aube d'une très grande carrière de cinéma.
Sandy Gillet
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L’argument : David est ergothérapeute. Il exerce depuis peu dans une riche clinique suisse. Alors que, un matin, il manque une de ses collègues à l’appel, on lui confie une patiente à accompagner pour une course en ville : Madame Hansen-Bergmann. D’abord prudent et respectueux du protocole médical, David se montre procédurier. Mais au fur et à mesure qu’il côtoie sa patiente, sa curiosité grandit : tant de provocation et d’insolence, mêlées à de si soudaines vagues de détresse et de chagrin inexpliquées, ne peuvent cacher qu’un grand traumatisme. Ils ne reviendront pas à l’heure prévue…
Notre avis : On pouvait attendre non sans appréhension la première incursion d’Alexandre Astier dans la réalisation de cinéma. Le créateur de Kaamelott y était-il à sa place ? On en doutait, d’autant qu’il occupe également les casquettes de compositeur, scénariste et acteur principal... Beaucoup pour un premier essai, tourné dans le plus grand secret avec le mythe Adjani à qui, curieusement, malgré une carrière historique dans le cinéma français, on demande toujours de faire ses preuves, notamment au box-office ! Inepte.
Pourtant Madame Hansen, c’est Adjani, entièrement. Transposée en star de feel-good movie façon Miss Daisy et son chauffeur, Rain Man ou Intouchables, l’actrice irradie l’écran. Poupée de porcelaine en surface forte, elle incarne une malade qui, à la suite d’un accident de voiture, s’égare dans l’oubli profond, revenant à la surface pour insulter le personnel hospitalier et montrer ses origines sociales dominantes. Caustique, elle est hilarante d’humour vachard qui lui va si bien... L’actrice retrouve donc la comédie, celle de Tout feu tout flamme, L’année prochaine si tout va bien, Bon voyage ou du catastrophique Toxic affair. Elle est parfaitement à l’aise dans un domaine qui ne l’éloigne pas vraiment de son répertoire dramatique tant récompensé. On sent dans cette femme de poigne une si grande vulnérabilité qui ne peut que nous conduire vers le plus affreux des secrets pour mieux la guérir de ses traumas indicibles.
Dirigée par Astier, Adjani trouve toute l’assurance d’exister dans sa grandeur, tout en laissant vivre le casting plus humble autour d’elle... Un retour au source dans un cinéma d’une plus grande intimité, avec éclat et splendeur (elle est toujours d’une indéniable beauté). On comprend très vite les intentions commerciales d’Astier, faciles au premier abord, consistant à toucher les foules par un sujet sensible (la maladie et le drame qui conduit à la dépendance) au travers d’un recours à l’humour fédérateur, à l’instar de Rain Man ou d’Intouchables. Si le réalisateur a encore ses preuves à faire dans bien des domaines abordés, notamment la musique, pas toujours des plus fines, il dégage de ses efforts protéiformes une modestie nécessaire à la réussite de ce road-movie aux portes de l’amnésie et donc d’une certaine folie qui donne toujours raison aux plus décalés, à savoir la malade et à son souffre-douleur iconoclaste, un ergothérapeute improvisé chauffeur le temps d’un après-midi inoubliable, qui va bousculer les habitudes de la dame.
On en ressort léger, avec plein de très bons souvenirs de cinéma en tête, sans jamais oublier les menus défauts, secondaires, certes, mais qui empêcheront ce duo improbable de nous faire revivre le phénomène Intouchables
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Critique du Monde
C'est une question récurrente dans le cinéma français depuis, disons, Toxic Affair (Philomène Esposito, 1993). Que faire d'Isabelle Adjani ? Ces dernières années, les meilleures réponses ont été apportées par Benoît Jacquot (une icône dans Adolphe) et Kervern et Delépine (un fantôme dans Mammuth). Alexandre Astier, qui débute dans la réalisation de longs-métrages, après s'être illustré dans l'iconoclasme médiéval (la série "Kaamelott", sur M6) prend un parti radical. Il fait de la présence de la star sur son plateau le sujet du film, en le déguisant à peine.
David (Alexandre Astier) est ergothérapeute dans une luxueuse clinique suisse. Peu de temps après son embauche, on lui confie une patiente, Mme Hansen-Bergmann. C'est Isabelle Adjani, avec des cheveux gris - le scénario, d'Alexandre Astier, prend bien soin d'expliquer qu'il s'agit d'une canitie post-traumatique (blanchissement des cheveux qui n'a rien à voir avec l'âge) -, derrière de grosses lunettes noires qui masquent un visage marmoréen.L'ergothérapeute et sa patiente sortent de la clinique pour une petite course en ville qui se transforme bientôt en escapade au long cours, doublée d'une cure express. S'installe entre les deux personnages une relation qui évoque surtout les rapports entre un metteur en scène débutant et une star. D'ailleurs, comme un vrai metteur en scène, le thérapeute s'appuie sur une petite équipe, en l'occurrence Clémence, sa petite amie (Julie-Anne Roth), et Hugo, le frère de cette dernière (Victor Chambon) embarqués dans l'escapade.
Cicatrice
Pour David comme pour Alexandre Astier, il s'agit de briser la carapace, aussi impressionnante soit-elle. Si bien que David et Madame Hansen tient grâce à un double suspense : la patiente, victime d'un mystérieux accident qui lui a laissé une élégante cicatrice sur la joue, retrouvera-t-elle goût à la vie ? Isabelle Adjani trouvera-t-elle sa place dans le film ?
Pour obtenir des réponses positives, Alexandre Astier fait preuve d'une habileté presque retorse. Il se sert de certains des mécanismes dramatiques propres aux drames médicaux, tout en s'en jouant. Il flirte avec la mort, omniprésente dans le scénario (Clémence et Hugo se remettent à peine de la perte de leur père) sans la prendre trop au sérieux, et trouve dans le décor d'une villa abandonnée un espace mélancolique et vaguement menaçant, idéal pour provoquer le paroxysme thérapeutique attendu. Pour cette conclusion, très (trop) sagement, le scénariste-réalisateur-interprète et compositeur de David et Madame Hansen se plie aux conventions du récit qu'il a mis en mouvement.
Il arrive souvent que des metteurs en scène-interprètes mâles fassent tourner des stars féminine pour s'en faire les amants à l'écran. Le geste d'Alexandre Astier, qui se met en scène en directeur d'acteur d'un monstre sacré, est une variante inattendue, exécutée avec élégance.
Tomas Sotinel
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Critique de Télérama
Thérapeute dans une clinique suisse, David se voit
confier, pour la journée, une riche patiente, Madame Hansen-Bergmann. Il se
retrouve embarqué dans une folle course-poursuite, où lui et sa patiente
découvriront les origines du mal qui la ronge.
LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 29/08/2012
Curieusement, ce n'est pas l'affrontement, très humour
noir, entre Alexandre Astier et Isabelle Adjani qui séduit. Lui est un
ergothérapeute à la candeur un peu forcée. Elle, patiente fantasque au nom
ronflant, madame Hansen-Bergmann, garde — « au fond d'la piscine », comme
le chantait l'actrice, il y a quelques années — un traumatisme secret. On le
devine vite et, en dépit du talent légendaire d'Isabelle A., on s'en fiche un
peu...
Le plaisir vient des seconds rôles. Le patron de la
clinique au double visage (Jean-Charles Simon). La famille du héros, sa femme et
son beau-frère (Julie-Anne Roth et Victor Chambon), nettement plus cinglés que
l'héroïne... Dans cette Suisse à la « ligne claire », comme on dit de certaines
BD, ces silhouettes décalées apportent, soudain, l'étrangeté légère, visiblement
souhaitée par le réalisateur. Un absurde tranquille. Du nonsense doux. —
Pierre Murat
Déjà un grand merci à Taz pour tous ces liens !!!
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Critique du Parisien
Ce n’est pas parce qu’Isabelle Adjani joue dans un film qu’il est bon. Du talent, l’interprète de « Camille Claudel » en a à revendre. La question est : pourquoi est-il si mal employé? pourquoi ne choisit-elle pas de meilleurs scénarios? L’histoire de cette patiente qui a perdu la mémoire, embarquée en ambulance par un ergothérapeute qui ne s’y attendait pas, n’a aucun intérêt. Tourné par Alexandre Astier, dont le nom est associé à celui de « Kaamelott », ce film est anémique, avec quelques scènes parfois grotesques. Combien coûte une place de cinéma, déjà?
Pas de nom !
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Critique de l'Alsace
C’est une silhouette, un peu empâtée, qui se profile dans l’obscurité d’un couloir de clinique. Dès le générique de David et Madame Hansen, Isabelle Adjani est là. Dans l’ombre encore dont Alexandre Astier va petit à petit la faire émerger. Car, qu’on le veuille ou non, on a (aussi) envie de voir ce film à cause de la reine Isabelle. Parce qu’on ne saurait se contenter d’une apparition, fantomatique au sens propre du terme, dans Mammuth tandis que De force, l’an dernier, a filé sur l’écran à la vitesse d’une (pâle ?) météorite. Car Isabelle Adjani n’a plus honoré le cinéma de sa coruscante présence depuis La journée de la jupe en 2008. C’est peu pour une légende vivante. Alors forcément, on scrute cette Madame Hansen pour débusquer la grande Isabelle. Et débusquer est bien le mot puisque Madame Hansen-Bergmann est longtemps tapie dans l’ombre, réelle et mentale, avant de venir tout doucement vers une lumière qui a les couleurs du Cap canaille, le tableau (et… le paysage) de Paul Signac. On l’a dit, le film d’Alexandre Astier est un exercice délicat, voire périlleux et il faut un peu de temps pour entrer dans un jeu en décalages et en ruptures de ton. D’emblée, on songe à un « thriller médical » mais Astier embarque le spectateur sur d’autres pistes, celles du road-movie et de la chronique psychologique mâtinée de saillies quasi-burlesques comme ce personnage de médecin-directeur de la clinique vaudoise qui se délecte du Dom Juan de Mozart et… de glaces aux fruits. Ergothérapeute depuis peu, David exerce dans une riche clinique suisse. Lorsqu’un matin, une collègue manque à l’appel, c’est à lui qu’on confie une patiente à accompagner pour une course en ville : Madame Hansen-Bergmann. D’abord prudent et respectueux du protocole médical, David va laisser sa curiosité grandir au fur et à mesure qu’il côtoie son étrange patiente et cela même si elle lui trouve une… tête de pizzaïolo. Pour éviter toute référence à Kaamelott, Astier n’emploie, ici, aucun acteur de la série télé. D’ailleurs, le film se concentre, doucement, sur le face-à-face entre un type normal et une femme mystérieuse (on la devine riche et très lancée dans le domaine de l’art) qui passe de la provocation et de l’insolence à de soudaines vagues de détresse et de chagrin inexpliquées. Tandis que David et Madame Hansen s’éloignent de la clinique, de ses traitements et de sa porte avec un petit poisson rouge, le film glisse vers le conte. L’ergothérapeute oublie ses protocoles et Madame Hansen va faire face à ses traumatismes. Et c’est dans une piscine vide (très altmanienne) qui est sans doute un clin d’œil à un fameux Pull marine, que vont doucement (tendrement ?) se dénouer des blocages. On ne sait si c’est bien sérieux sur le plan scientifique mais c’est assez joli cinématographiquement… On imagine volontiers le plaisir du cinéaste d’avoir Isabelle Adjani devant sa caméra. Le nôtre n’est pas mal non plus. Isabelle Adjani n’a plus la jeunesse éclatante de L’été meurtrier ou de Mortelle randonnée. Et si elle s’applique à masquer du temps l’irréparable outrage, la comédienne distille une grâce intacte.
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