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19 octobre 2011

Franck Henry parle de son parcours, du film et d'Isabelle



Les enquêteurs sont sur les lieux d'un braquage. En veste de cuir, déhanchée, brassard "Police" au bras, une femme de dos. Zoom sur sa chevelure. "Putain de merde!" lâche-t-elle. C'est l'entrée en scène d'Isabelle Adjani, étonnante en femme-flic désabusée dans "De force", premier film de l'ex-gangster Franck Henry.





Yeux bleus et tête rasée, casquette, Henry, 51 ans, n'était pas prédestiné à devenir cinéaste. A quinze ans, c'était plutôt les vols de mobylette. "A seize, je revendais les pièces détachées et je gagnais plus que mon père ouvrier", assure-t-il.

Les condamnations tombent. "Frankus" a monté sa propre équipe dans le fameux gang des Postiches qui a écumé les banques au début des années 80. Il prend huit ans, en fait six, en reprend seize, en fait onze, et récidive encore.

Cette fois, et "par calcul", admet-il, il se met aux études "pour les remises de peine" -- il a une maîtrise de musicologie -- et à l'écriture, s'attire l'amitié notamment du réalisateur Cédric Klapisch. A son nouveau procès, il n'est condamné qu'à huit ans de prison au lieu des quinze redoutés, et n'en fera finalement que trois avant d'être libéré.

"Et puis j'ai eu un gamin, et là, je me suis dit +c'est pas compatible+" avec la vie de gangster".
Il se lance avec succès dans l'écriture de scénario, avec l'épisode "Kidnapping" du commissaire Moulin (Johnny Hallyday est en vedette), qui attire plus de dix millions de téléspectateurs, ou la série "Braquo", de Canal +, réalisée par l'ex-flic Olivier Marchal.

Son premier film montre une patronne de la Brigade de répression du banditisme (BRB), qui, pour infiltrer la bande de braqueurs ultra-dangereux qu'elle a pour mission d'arrêter, fait évader "de force" un ex-amant et ex-gangster proche de la sortie, jeune père qui renâcle à se remettre dans les ennuis.

C'est Eric Cantona dans le rôle de Manuel Makarov. "Il ne joue pas Makarov, il l'incarne", se félicite Franck Henry.

Quant à Adjani, c'est par des amis communs qu'il lui transmet le scénario. "A 09H00 le lendemain, elle m'appelle, et elle me dit +Je vais tout faire pour vous convaincre que Clara Damico, c'est moi+".

On l'a rarement vue à la fois aussi avare d'émotions et la bouche aussi pleine de gros mots. "Je suis une flic ordinaire qui fait parfois des trucs qu'elle a pas envie de faire", résume son personnage.

"Je lui ai dit +t'es pas la reine Margot, tu joues sobre, une personne normale+" se rappelle Franck Henry. "Aujourd'hui, ajoute le cinéaste, on est toujours amis, on est très proches".

Il y a beaucoup de lui dans le film. Dans le fils délinquant d'Isabelle Adjani, d'une part, et dans Makarov lui-même. Avec une nuance : "Un mec qui collabore avec la police, c'est pas moi du tout". Henry dit "être parfois sorti de la BRB avec la tête doublée de volume".

Il y a des trouvailles, comme la confrontation aigre entre la commissaire et la procureure générale de Paris, jouée par Anne Consigny. Les dialogues entre truands, aussi, sentent le vécu.

Le film a "ses défauts", reconnus par Franck Henry. La production a démarré de guingois, avec des financements belges et luxembourgeois, et un tournage "en 42 jours au lieu de 60" qui auraient été préférables. "Mais je l'ai fait honnêtement, avec mes tripes", dit-il, remarquant fièrement "qu'il n'y a pas d'exemple au monde d'un type qui a fait vingt ans de prison et qui tourne un film".

Il prépare une nouvelle série, et un deuxième long métrage. De nouveau avec Adjani, cette fois en représentante de commerce tournant serial killeuse. "Là, je pourrai faire plaisir à la critique et la laisser s'exprimer dans la démesure", sourit-il.

Info AFP.

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