Oscar 1990 (3/4)
P.M: Vous avez tourné 2 films en Amérique : "Driver" et "Ishtar", aucun des deux n'a marché. Est ce que cela vous a handicapée ?
I.A: En ce qui concerne "Driver" , franchement je m'en fous ! pour Ishtar, c'est plutôt drôle. Au finish l'expérience aura été bénéfique pour Dustin hoffman, Warren beatty et moi. Parce que le flop du film nous a flanqué un coup de pied au derrière. Warren a tourné et joué Dick tracy. Dustin a tourné "Rain man", qui restera très fort dans sa carrière. Et moi je me suis lancée dans l'aventure de Camille Claudel.
L'échec d'"Ishtar", c'est une histoire typiquement hollywoodienne. Le film a fait l'objet d'une guerre intestine, d'une lutte de pouvoir à l'intérieur de la Columbia. cela suffit pour saboter la sortie d'un film . D'ailleurs a ce titre , le film figure d'ores et déjà dans la légende hollywoodienne.
P.M: Une fois passé l'effet de surprise, on a envie de faire la liste des actrices qui ont été éliminées : Kathleen turner, Meryl streep, Meg Ryan,Andie Mac dowell...Alors comment la presse a t-elle réagi à l'annonce de votre nomination ?
I.A:Avec un peu de surprise et beaucoup d'affection . La surprise bien sûr parce que pour eux une nomination aux oscars, c'est destiné à une américaine!
P.M: Vous souvenez vous de la cérémonie des Oscar l'année d'Adèle h"? Comment étiez vous à l'époque ?
I.A :Sauvage, timide et franchement pas à ma place. En plus François Truffaut n'était pas là. Alors ce n'était pas joyeux. Je me souviens, il m'avait promis de faire rencontrer Jean Lenoir, le roi français de Los Angeles.De toute façon, lui non plus n'était pas venu à la cérémonie et tant mieux : je n'aimais pas ma robe ! C'était une robe noire dans laquelle je ressemblais à une débutante joufflue dont le passe temps était de manger des cacahuètes, du chocolat et des avocats...
P.M : et cette année ?
I.A: cette année je porterai une robe de Dior dessinée par Gianfranco Ferré.
P.M :Et si vous remportez l'Oscar, est ce que vous lirez quelques phrases de Soljenitsyne ou de Mandela comme vous l'avez fait aux césar en lisant un extrait des "Versets sataniques" ?
I.A : Mais ce n'est pas un numéro de music -hall de faire ca, vous savez ....
P.M:Aujourd'hui vous êtes devenue le porte drapeau de la france en Amérique.
I.A: Ca m'échappe, tout ça. Si ça tombe comme ça, ça tombe bien ! Mon métier , c'est pas diplomate, c'est "artiste" ! (rires)
P.M : Mais quand vous arrivez avec votre film en Amérique, vous êtes certaineement épaulée par les officiels qui représentent le cinéma français là bas ...
I.A: Oui, on est invité à manger des petits fours...Mais ça s'arrête là. C'est comme faire signe à un automobiliste français à l'étranger quand on reconnait sa plaque d'immatriculation .On a beau venir du même pays, on n'a pas obligatoirement grans chose à se dire . Il reste les photos souvenirs des cocktails, les sourires de circonstance et les fous rires dans les coins, parce que si la reception est sérieuse, nous pas....
P.M: Mais le fait d'être la seule française nommée parmi les américains est-ce une chose qui vous rend fière ? Vous sentez vous porteuse de drapeau tricolore ?
I.A: Vous voulez dire comme aux jeux olympiques ? Ce serait avec plaisir s'il y avait une équipe ! Mais en Amérique chaque français est toujours entre le joker et l'outsider. Pour l'instant , là -bas on réussit par hasard.
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