Venue au Festival d’Angoulême présenter son dernier film, un thriller social où elle joue un médecin du travail, Isabelle Adjani, se veut «exigeante pour les films et les rôles qu’il lui reste à faire exister», dans un entretien à l’AFP.
Devenue rare au cinéma, l’actrice de «L’Eté meurtrier» et «La Reine Margot», qui n’a plus joué depuis le film choral «Sous les jupes des filles» il y a deux ans, estime «qu’il ne faut pas oublier de vivre pour savoir jouer, pour offrir des interprétations nourries».
«Je mets du cinéma dans ma vie, mais ma vie ce n’est pas le cinéma. Sinon je ferais des films les uns après les autres», ajoute cette icône du cinéma français, révélée au grand public en 1974 dans «La Gifle» de Claude Pinoteau alors qu’elle n’avait pas 20 ans.
Ceci dit, «j’ai toujours dit que ma vie ressemblait à du cinéma, et qu’à cause de ça je devrais peut-être faire plus de cinéma!», plaisante l’actrice aux célèbres yeux bleus, le visage entouré d’un long rideau de cheveux bruns, vêtue d’une robe à fleurs et coiffée d’un chapeau de paille.
«Carole Matthieu» de Louis-Julien Petit, réalisé pour Arte qui devrait le diffuser en novembre, et pour lequel elle espère ensuite «une sortie en salles de façon modeste», est adapté du roman «Les Visages écrasés» de Marin Ledun.
Isabelle Adjani, qui l’a découvert grâce à Jean-Paul Lilienfeld, le réalisateur «qu’elle affectionne» de «La Journée de la jupe» - autre fiction réalisée pour Arte puis sortie en salles, qui lui avait valu un César en 2010 -, avait mis une option sur les droits du livre.
Le film a été finalement tourné par Louis-Julien Petit, réalisateur de «Discount».
Productrice associée de «Carole Matthieu», Isabelle Adjani dit «aimer vivre toute l’histoire (d’un film) du début à la fin». «J’ai toujours plus d’énergie quand je participe. Je préfère participer qu’obéir», lance-t-elle.
«Nous, les acteurs, on sait ce qu’il nous faut, on sait là où on excelle. Tout acteur (...), en mettant une option sur les droits d’un livre et en trouvant une production intéressée, un scénariste convaincu et un metteur en scène passionné, peut faire exister le meilleur rôle de sa vie».
- Un film sur Valadon et Utrillo ? -
«Carole Matthieu», dans lequel elle campe le médecin d’une entreprise qui harcèle ses employés, raconte «le combat d’une femme qui va aller jusqu’à se sacrifier pour le bien-être des salariés qu’elle défend», raconte-t-elle.
«On vit ce qu’elle traverse jusqu’au dédoublement de personnalité: elle se bat pour les autres, et en même temps elle est prise dans une spirale destructrice» car «elle est elle-même dans un mal être».
Ce film offre à l’actrice un rôle de femme passionnée, tourmentée et fragile, comme ceux qu’elle a souvent joués, de «L’Histoire d’Adèle H» de François Truffaut à «Camille Claudel» de Bruno Nuytten.
«Ce n’est pas un objectif en soi dans ma vie de rechercher le tourment chez un personnage, mais en tout cas sa profondeur, sa force, ses luttes, ses faiblesses, toute la complexité», explique-t-elle.
«Bien sûr j’aime bien les personnages qui sont complexes, comme l’est la nature humaine, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier les comédies romantiques super bien réussies».
Pour l’avenir, celle qui a été sacrée cinq fois meilleure actrice aux César - un record inégalé - dit avoir d’autres projets, mais préfère ne pas trop en parler.
«Plus le temps passe et plus j’ai une exigence», dit-elle.
Parmi eux, elle cite quand même l’histoire de la relation entre la peintre Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, «un projet qui existe» mais qui reste à concrétiser.
«J’aimerais le faire avec Pierre Niney dans l’absolu», ajoute-t-elle. «Il y a un profil, un portrait d’Utrillo qui est juste lui», s’amuse-t-elle à propos de l’acteur d'«Yves Saint Laurent».