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9 octobre 2012

les bijoux qui ne me correspondent pas, ils me quittent -interview Puretrend

Dans le petit monde des égéries, ce sont les actrices qui règnent en maître. Car lorsqu'un mannequin sublime une collection, une actrice l'incarne, l'habite. Et lorsque cette actrice s'appelle Isabelle Adjani, on ne s'attend pas à une collaboration comme les autres. Si son nom a déjà été associé à des maisons du luxe telles que Dior ou Lancel, la star ne prête pas son visage à la première marque venue. Adjani fait partie de ces rares personnalités qui cultivent l'art du mystère à la perfection, qui fascinent, et qui font vendre, forcément, aussi bien des tickets de cinéma, que des magazines, et désormais des bijoux, puisque la maison de joaillerie Poiray en a fait l'égérie de sa dernière campagne. L'actrice se confie sur cette collaboration, sa définition du luxe et sur ses projets cinéma. Rencontre.


Vos apparitions sont toujours assez rares, donc plutôt attendues. Qu'est-ce qui vous a intéressée dans cette collaboration avec Poiray ?
Il y a des mots, des noms, qui s'inscrivent tout de suite dans la magie. Et je trouve que c'est le cas de Poiray, tout en étant une maison discrète, avec une certaine ancienneté, une création forte et subtile. Je trouve que c'est une maison à la fois magique et abordable, impressionnante mais pas intimidante. Et ça, ça me plaît. J'aime bien les challenges, j'aime bien l'idée de pouvoir donner une petite pulsion de décollage à une marque comme celle-là. Après tout, c'est à cela aussi que cela sert les égéries : modifier positivement une image, sur le plan commercial. Si ce n'est pas le cas, c'est un partenariat un peu inerte, j'aime bien l'idée qu'il y ait un changement, que quelque chose d'autre se passe. Les égéries et les actrices, sont utilisées, avec leur consentement bien entendu, comme des produits de vente à produire. A partir du moment où l'on reste dans le rêve et qu'il n'y a aucune vulgarité, je n'y vois aucun problème.

Vous avez été égérie Dior, Lancel... Comment choisissez-vous les marques auxquelles vous prêtez votre image ?
Il s'agit de comptabilité que l'on ressent tout de suite, c'est assez immédiat. Franchement ce ne serait pas vrai de dire que l'on prend du temps pour réfléchir sur l'alliance. On sait tout de suite, comme la marque qui propose la collaboration d'ailleurs. Je pense qu'il y a très peu d'erreurs dans le monde du luxe, tout est très réfléchi avec des sondages, des études. Il peut y avoir des élans parfois, mais en général, il y a tellement de gens qui se mettent autour d'une table pour décider. Rien ne se fait jamais au hasard.

Qu'est-ce que l'univers de la joaillerie vous évoque ? Portez-vous beaucoup de bijoux ?
Je ne porte pas de bijoux tous les jours. J'avais un rapport très affectif aux bijoux, mais à force de cambriolages (rires), cela devient un rapport que l'on tempère. Car il y a parfois trop d'investissement sentimental sur les choses qui disparaissent. Une fois, on a même cambriolé ma mère, à qui j'avais confié mes bijoux les plus précieux... C'est profondément désagréable. Il ne s'agit pas de la valeur marchande de l'objet qui disparaît, mais de la valeur sentimentale, affective... J'essaie d'être moins attachée qu'avant. Mais d'ailleurs c'est drôle, car les bijoux qui ne me correspondent pas, disparaissent en général, je les perd, ils me quittent (rires). J'aime beaucoup la montre "Ma première" de chez Poiray, vous savez, celle avec le bracelet noir et le cadran serti de diamants. Elle est complètement intemporelle, on dirait qu'elle a toujours existé, et qu'elle existera toujours. Cela fait parti de ces pièces qui traversent le temps, dont on peut hériter de sa mère, sa grand-mère, et donner à sa fille. C'est la montre de la petite robe noire, une montre de cinéma. Ce n'est pas la plus complexe, mais je trouve qu'elle est remarquable tout en se mélangeant à vous. Je ne vois pas à qui elle n'irait pas. Si je ne devais ne porter qu'une seule chose, ce serait ça, alors que je ne suis pas très montre pourtant (Rires).

Quelle est votre définition du luxe ?
C'est quoi la chanson de Marilyn déjà ? "Diamonds are the girls best friends" ! (Rires). Non, pour moi le luxe, c'est la douceur, l'absence de dureté... Pour moi, cela se rapporte à la matière, à un moment d'abandon. Le luxe peut être aussi bien dans la qualité d'un drap, la douceur d'un coton... Je ne porte que des chemises très fines par exemple. Pour moi, le luxe, c'est tout ce qui a trait au contact, au parfum, au son, à l'odorat... C'est sensoriel. Tout ce qui fait la différence. Le luxe doit être lié à une certaine forme de sécurité pour moi, il doit me rassurer. Il y a des formes de luxe angoissant, oppressant, comme par exemple la fourrure, les chaussures triples plateformes, qui peuvent pourtant être des choses très travaillées et belles à regarder. Il y a des lieux, qui ont compris que le luxe est dans le ressenti, dans le détail, comme la literie d'un bel hôtel. Des choses simples parfois, mais des choses de qualité. On vit tellement dans une agression permanente, avec des sons stridents... Tout est brutalisant du matin au soir. On peut vivre dans le luxe, sans forcement être très riche et consumériste.

Vous étiez récemment à l'affiche du film d'Alexandre Astier, "David et Madame Hansen". Quels sont vos projets à venir ?
Le premier projet que j'ai c'est le film d'Abel Ferrara avec Gérard Depardieu, inspiré de l'affaire DSK, que je dois tourner très bientôt à New York. Il y a aussi un autre projet avec Jean-Paul Lilienfeld avec qui j'avais fait "La Journée de la Jupe", qui parle de la souffrance sociétale, l'histoire se déroule dans l'univers de la téléphonie, où des gens se suicident.

Beaucoup de projets directement inspirés de faits divers récents.
Oui, je trouve ça très bien que l'on le fasse de plus en plus en France, comme en Angleterre, Ken Loach étant le génie du film social. Je trouve ça très excitant, très motivant. Je suis aussi pas mal occupée avec ma propre société de production, car je trouve que de ce côté là en France, on est un peu en retard par rapport aux actrices américaines qui produisent plus. Il est temps que les femmes prennent ce pouvoir là. Cela leur réussit très bien aux États-Unis, alors je ne vois pas pourquoi cela ne marcherait pas ici.

Est-ce qu'il y a des types de projets, des profils de réalisateurs qui vous touchent plus que d'autres à produire ?
Je ne me cantonne pas à un type de projet en particulier. En France, c'est une politique de film d'auteurs, donc il est difficile d'écrire un script sans que le futur metteur en scène n'y soit associé dès le départ... Autant tout est très compartimenté aux États-Unis. J'avais tenté quelque chose de différent avec Camille Claudel, où je m'étais vraiment mêlée de la production artistique, ça m'avait passionné. Mais je crois que les gens, ou plutôt l'industrie du cinéma français n'était pas prête à ce moment là à voir une actrice s'impliquer dans cet aspect. Mais c'est en train de changer.

Cela vous intéresserait de passer derrière la caméra ?
Oui bien sûr, même si j'ai toujours des scrupules sur ces capacités là... Cela peut s'improviser mais uniquement dans un moment d'inspiration particulier, un peu comme l'a fait Valérie Donzelli quand elle a fait "La guerre est déclarée". Il y avait là quelque chose d'impératif qui dépasse toutes les aptitudes techniques et l'expérience. Il faut avoir une sorte de conviction irrationnelle mais terriblement déterminée, qui fasse résistance à toute la logique d'un système. A ce moment là, oui. Mais le faire pour le faire, je n'y crois pas, car cela donne des choses moyennement habitées. Je n'aime pas l'idée de travailler seule. Je préfère que cela se passe en co-réalisation. Seul, on ne fait pas grand chose, on est aveuglé par son égo. Mais après, il y a des films merveilleusement réalisés dans cet esprit là aussi. L'autofiction peut aussi très bien fonctionner, un peu comme en littérature en ce moment. J'ai l'impression qu'il y en a beaucoup en cette rentrée d'ailleurs.

Propos recueillis par Mélody Kandyoti

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