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1 septembre 2012

"Il me faut des obstacles excitants" - Entretien pour Ouest France

Un nouvel entretien pour le quotidien OUEST FRANCE





Dans David et Madame Hansen, le premier film d'Alexandre Astier, qui sort cette semaine sur les écrans, vous héritez d'un rôle prévu pour Alain Delon...
Il ne s'agit pas du même film. Le seul dénominateur commun, c'était l'amnésie, traitée autrement. Tout a été changé, ça n'est plus le même personnage.
Les cheveux gris, une balafre, d'épaisses lunettes de soleil, vous ne vous montrez pas à votre avantage...
Ces cheveux, c'est mon idée. Alexandre Astier a eu la malice de l'accepter. J'ai rencontré plusieurs personnes victimes d'un choc traumatique et qui ont blanchi, de la tête au pied, du jour au lendemain.
Vous vous reconnaissez dans son sens de la dérision ?
La dérision autour de la douleur, c'est quelque chose que je trouve résilient. Quand on a pris des antidépresseurs pour dépasser le plus grave, c'est important de se laisser aller à l'autodérision.
Vous avez quelques répliques salées...
C'est très jubilatoire. On n'attend que ça, nous les comédiens. Si les gens sont lisses, transparents, sans grain de folie, ça n'est pas drôle. De plus en plus, j'ai besoin de ça. Pas la folie pure - je l'ai déjà interprétée - mais que rien ne soit parfaitement convenu. J'ai besoin de ne pas avoir peur du côté casse-gueule d'un film. Je n'aime pas les tournages tranquilles. Il me faut des obstacles excitants, quels qu'ils soient.
D'où un tournage à Bollywood, en Inde ?
J'ai tourné là-bas par curiosité. Je joue la mère de l'héroïne dans une comédie romantique. C'est la première fois qu'on faisait tourner une actrice occidentale dans un film de Bollywood. Le réalisateur me disait : « Tu es la réincarnation d'une Indienne. »
Et le projet de film sur DSK et Anne Sinclair ?
Il va se tourner à l'automne, à New York. Avec Depardieu, sous la direction d'Abel Ferrara. C'est adapté de l'affaire. Le scénario est top secret, mais j'y vais ! Avec Ferrara, on sait qu'on va là où lui-même ne sait pas pourquoi ni comment il va... C'est un explorateur singulier.
Vous êtes du genre à solliciter un metteur en scène ?
Hélas, je ne sais pas très bien passer les petites annonces. Parfois je force ma nature, mais j'attends plutôt que le signe vienne de l'autre. Lequel peut aussi attendre un signe de vous. Là, je lis des pièces. Le théâtre, j'y tiens beaucoup. Je n'ai pas encore décidé quoi, mais en 2013, je me mettrai à répéter.
Votre carrière a été marquée par des engagements. Vous pensez avoir fait bouger des choses ?
Si j'avais ce pouvoir, ce serait merveilleux, magnifique ou tragique. J'apporte une petite pierre, de temps en temps, en me demandant en quoi ça peut aider à faire tenir le mur. Mais j'ai plutôt l'intervention modeste. M'engager pour une cause aujourd'hui ? Il y en a beaucoup trop. J'ai perdu confiance en l'humanité. À un moment donné, on se dit qu'on ne changera pas le monde.
Recueilli par Pierre FORNEROD.

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