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24 octobre 2011

Isabelle star sans fards pour selection reader's digest - l'interview - Nov 2011

Sélection Reader's  Digest  a interviewé Isabelle, en exclu déjà sur le blog avant même sa parution jeudi 27 octobre !



Dans son dernier film, De force, Isabelle Adjani incarne pour la première fois une femme commissaire de police . Rencontre avec une actrice de légende.

La poignée de main est énergique et le sourire désarmant. Dans ce palace parisien proche des Tuileries où elle m'a donné rendez-vous, Isabelle Adjani illumine l'instant. Devant elle, une tasse de camomille encore pleine refroidit tranquillement au fur et à mesure qu'elle répond à mes nombreuses questions. Pas de faux-semblant ni la moindre minauderie de star chez cette femme chaleureuse , dont le regard s'embue et pétille lorsqu'elle parle de ses enfants, de son goût pour l'humanitaire et de ses combats. Sensible Isabelle, que la cruauté du métier et l'impudeur de certains médias n'ont guère épargnée. Dans cette cité de Gennevilliers où elle a grandi entre un père algérien et une mère bavaroise, elle rêvait au bonheur. Sur scène ou à l'écran, elle se glissera avec une vérité inouïe dans la peau des personnages les plus dramatiques (Ondine, Adèle h, Camille Claudel, La reine Margot...), incarnant du même coup l'archétype de l'héroïne romantique et passionnée. Nominée à huit reprises aux César, Isabelle Adjani a remporté cinq fois la fameuse statuette, un record. Et ses (trop rares) apparitions demeurent des instants de grâce pour le spectateur. La voici à présent dans de force, un thriller signé Franck Henry dont elle interprète la chanson du générique et où elle joue le rôle d'une femme commissaire de police . Une première...

Sélection : Parlez-nous de Clara Damico, votre personnage. Qu'est-ce qui vous a attiré en elle ?

Isabelle Adjani : Ses fêlures, ce dilemme qu'elle vit avec son fils ado, délinquant irréductible. Il représente tout le contraire de ce qu'elle défend - l'ordre et la loi- et est sa plus grande faiblesse...Et puis, cela m'intéressait d'interpréter une femme qui lutte pour imposer ses compétences et sa personnalité dans un univers de mâles ! Même si, pour elle, cela signifie sacrifier sa vie de femme pour réussir sa carrière.

Sélection  : Vous êtes -vous déjà retrouvée confrontée à ce défi ?

I.A : J'ai toujours essayé d'éviter les sacrifices en prenant des absences sabbatiques totalement inhabituelles dans ce milieu professionnel. C'est ma manière de préserver les valeurs intimes et privées auxquelles je tiens. J'estime que la vie ne doit pas- sauf si on veut la fuir - s'arrêter à une réussite qui ne tient plus compte de qui l'on est vraiment.

Sélection : Êtes -vous satisfaite du résultat ?

I.A : ça dépend ! Par moments, je me dis que j'ai permis à mes enfants de ne pas trop souffrir des exigences de mon métier et , à d'autres, que je n'ai réussi ni tout à fait l'un , ni tout à fait l'autre. Et ce doute s'accroît avec le temps qui passe ! Mais, de toute façon, si un événement extérieur - choc, accident, maladie - se produit, ma priorité absolue reste d'être auprès de ceux que j'aime. Et tant pis pour la carrière ! Si ces personnes comptent, elles comptent d'abord et avant tout, car plus que tout .

Sélection : Jusquà déserter un tournage ?

I.A : Oui, cela m'est arrivé sur Prénom Carmen, de Jean-Luc Godard. Mon père se mourait...Mon abandon a provoqué beaucoup de stupéfaction et d'incompréhension, mais il m'était impossible de continuer à être dans la fiction, dès l'instant où dans ma vie se jouait l'un de mes plus grands drames. Je suis donc partie, sans réfléchir. Et je n'en ai ni regrets ni nremords.

Sélection : Quelle mère êtes-vous pour Gabriel-Kane, votre fils cadet ?

I.A : Gabriel-Kane (né de son union avec l'acteur Daniel Day-Lewis,ndlr) a 16 ans et traverse la délicate et douloureuse période de l'adolescence. Je m'efforce donc comme toutes les mères d'effectuer un travail permanent de dédramatisation, d'assistance, de compréhension. Il faut avoir les nerfs très solides et être capable de dire à son ado : "Tu peux me briser en mille morceaux, tu sais bien que je t'aime." Ce sont des moments que l'on a hâte de ranger dans la catégorie des lointains souvenirs ! L'été dernier, mon fils m'a clairement indiqué qu'il fallait que je fasse le deuil de l'enfant qu'il était et qu'il ne serait plus jamais. Cette sortie de chrysalide a été pour moi une espèce d'explosion nucléaire. Pire que le plus grand chagrin d'amour ! (Rire.)

Sélection : Votre enfance à vous a-t-elle été heureuse ?

I.A : Pas heureuse, mais idéaliste. J'ai toujours été une petite fille à la fois romanesque, très soucieuse et terriblement rêveuse. L'environnement familal, la dureté du quotidien dans cette cité de Gennevilliers où j'ai grandi, l'insastifaction d'une vie  assez enfermée qui semblait figée et sans espoir...tout cela me pesait terriblement. je n'avais donc qu'une obsession : ramener du bonheur à la maison. Au fond , j'ai toujours été une enfant adulte, confrontée à une somme de responsabilités très jeune puisqu' à 12 ans je tournais déjà dans le petit Bougnat , de Bernard Toublanc-Michel , et que , quelques années plus tard, j'étais engagée à la Comédie- Française. Je comptais sur mes tout premiers cachets pour faire entrer un peu de joie, de détente, de calme chez mes parents. Hélas, ces moments étaient rares, et mon père acceptait difficilement que ce soit sa fille qui ramène la prospérité à la maison. La tradition était bafouée... Je crois que la plus belle chose que l'on puisse offrir à un enfant, c'est de lui dire : "Ne te soucie de rien, je suis là pour toi." J'espère avoir apporté aux miens un peu de cette insouciance qui m'a tant fait défaut...

Sélection : Vous avez dit un jour que vous vous sentiez proche des gens en difficulté, quels qu'ils soient. pourquoi ?

I.A : Car l'humain reste au centre de ma vie et que l'envie d'aller vers les autres m'a toujours habitée. Mais il y a longtemps que je me suis raisonnée sur l'inutilité de concurrencer les saintes, Mère Thérésa peut continuer à être idôlatrée sans que je vienne jeter une ombre sur son culte ! (Rire.) Mais toute gamine déjà, je pensais que je serais au service des autres . A 11 ans, j'avais organisé une quête pour le Biafra- ce qui m'a d'ailleurs fait redoubler ma sixième puisque j'accordais  davantage d'importance à cette mission humanitaire qu'à la classe de latin. En fait, j'étais obsédée par un idéal assez naïf : faire du bien. Je me voyais m'occuper plus tard d'enfants ou partir en mission humanitaire. Et finalement, il y a eu inversion des pôles! J'ai amener les gens à se préoccuper de moi en tant qu'artiste et à laisser la lumière se fixer sur ma pomme !

Sélection : jugez-vous cela regrettable ?

I.A : Cela m'a beaucoup déstabilisée, et c'est pourquoi j'ai toujours essayé d'approcher ce métier d'actrice comme une profession de foi, parce que je crois beaucoup à la notion de transmission dans mon travail. Transmission à travers le choix de certains films ou personnages. Pour moi, un artiste ne réalise un travail signifiant que lorsqu'il a créé un lien, une passerelle avec les gens auxquels il s'adresse. Je suis par exemple particulièrement attachée à L'été meurtrier, ou encore à Camille Claudel. Ils m'ont valu ce type de témoignages : "Vous m'avez donné le courage de choisir la sculpture et d'assumer cette vocation que j'avais depuis longtemps en moi" ou " Le cri que vous poussez dans ce film-là, c'est celui que je n'ose pas". J'aime aussi l'audace de La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld, dont le succès a été totalement inattendu. Ma fierté réside dans ce type d'itinéraires un peu kamikazes, qui échappent à la logique du préjugé. Cela me convient, car j'adore triompher de l'impossible !

Sélection : Si vous avez la possibilité de remonter le temps, referiez-vous la mêm chose ?

I.A : (La réponse fuse sans aucune hésitation.) Oh ! Non . Je ne le referais pas ! (Elle éclate de rire.) Lorsque j'ai commencé ce métier, le monde n'était pas le même. Aujourd'hui, si j'étais une jeune actrice de 17 ans, avec les mêmes valeurs et les mêmes rêves, je vivrais cela comme un enfer absolu, l'enfer des vanités. Être célèbre, quelle vulgarité ! Je privilégierais certainement des voies beaucoup moins éclairées, comme le théâtre ou l'écriture, mais à l'abri du vedettariat. Car il ya tellement de chose dans ce métier  qui vous dépossèdent de vous-même : la cruauté, l'arrivisme, la jalousie...dont les effets sont aussi nocifs que le pouvoir. Vous savez, le pouvoir est une maladie qui devrait être répertoriée! Seuls ceux qui n'en veulent pas devraient y avoir accès en politique. Ils ne l'exerceraient ainsi que par devoir civique .

Sélection : Vous avez souvent fait entendre votre voix pour défendre le droitr des femmes ou combattre l'intégrisme. Aujourd'hui , qu'est-ce qui vous indigne ?

I.A : L'individualisme meurtrier, cette désertion de la loyauté, de la parole donnée, de la solidarité - de tout ce qui fait décliner une civilisation. et au nom de quoi ? D'un consummérisme enragé. La vérité ne compte plus. C'est aussi le triomphe de la suffisance. tout cela ne va pas dans le sens de la dignité humaine.

Sélection : Comment expliquez-vous que vous ayez sucité autant de haine que d'amour, jusqu'à être victime de rumeurs insoutenables, comme lorsqu'on a prétendu que vous aviez le sida , en 1987 ?

I.A : Je l'ignore . J'ai essayé d'étudier cette rumeur en faisant une psychanalyse pendant une dizaine d'années, en en parlant avec des sociologues, des amis philosophes. J'ai quelques réponses, mais je n'aurai jamais LA réponse... On ne se protège pas complètement contre de telles attaques .Mais je fais partie de ces personnes dotées d'une endurance extrême. D'ailleurs, s'il n'y avait pas eu cette force en moi, il y a longtemps que je ne serais plus là. Au fond je suis une survivante...


Par Patricia Khenouna.

Malheureusement pas de nouvelles photos mais celle de véronique Vial déjà publiée que je vous reposte ci-dessous :


Vous pouvez retrouver cette série de photos en Haute résolution sur ce lien Madame figaro par Véronique Vial

1 commentaire:

Inga a dit…

Et nous pouvons infiniment remercier Isabelle de ces fleurs du bien qu'elle nous a offert!

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