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20 août 2010

Avec Antonio, Capri ce n'est pas fini - Article Paris match

Je ne suis en quête de personne. Je fais confiance à la vie. Même si mon système de confiance dans les hommes a été victime d’un séisme récent... » C’était en mars, dans une suite du George V. Isabelle Adjani venait de recevoir un cinquième César pour «la journée de la jupe », devenant ainsi l’actrice la plus récompensée du cinéma français. Et soudain, devant nous, elle s’était mise à marcher son trophée sur la tête, jouant à nous faire rire.





Elle nous montrait ainsi qu’elle était capable de garder l’équilibre, et même de marcher sur un fil. Tête droite entre les précipices qui guettent les acrobates. L’hiver avait été atroce. Une suite d’avalanches emportant les dernières certitudes. La trahison de Delajoux, le médecin qui lui avait à nouveau fait croire au bonheur. Elle s’en doutait pourtant: «avec lui, je me dis que je suis faite pour la tranquillité. Je recherche la paix, le bien-être. Un de mes amis dit que le bien-être, c’est la salle d’anesthésie... Mais bon, je me sens bien.» seulement, il avait fallu se réveiller... Et souffrir encore.
Qui aimer, qui croire, pour de vrai ? Trop d’échecs à l’heure des inévitables bilans. On peut devenir folle à se répéter toujours les mêmes questions, à ressasser les mêmes doutes. On peut même en faire des livres. «les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots», écrivait Musset. Mais justement, de ces douleurs-là, isabelle ne veut plus. « je me suis longtemps acharnée a sortir un homme de sa douleur, de ses ambivalences, de sa dépression.
Il fallait que mon amour l’amène à me dire: “Je t’aime inconditionnellement pour la vie.” Ce que je cherchais a obtenir de mon père, évidemment. Cela m’a dirigée vers des hommes malheureux qui m’ont rendue malheureuse. » Isabelle a longuement pratiqué l’analyse. Elle connaît la recette. Le temps de macération des larmes. Depuis ses 20ans, cette créature solaire a cultivé le désespoir comme d’autres cherchent un coin d’ombre.
Le drame était son idéal, la tragédie, son élément. Il lui fallait vivre comme dans Shakespeare., Adèle H., ce ne seraient pas des rôles dans une vie d'actrice, mais de nouvelles peaux dont elle ne ferait jamais vraiment la mue . Ces héroïnes guettées par la folie étaient des soeurs. À force de sonder les profondeurs, on peut s'y perdre. Aujourd'hui, Isabelle regarde en arrière. Et il arrive qu'elle rie d'elle-même.Était-ce elle qui s'enfermait pour lire dans sa chambre quand Sean Penn et Madonna étaient les invités d'un homme éperdu d'amour pour elle : Warren Betty ? Il voulait lui parler mariage et enfants. Elle succombait au séducteur qui s'avouait repenti, mais comme elle l'aurait fait d'un personnage de Fitzgerald. Littérairement. Le scénario qu'il avait à lui offrir ne l'intéressait pas, ni dans la vie, ni dans Dick tracy.Elle le laissait à Madonna. Elle ne serait jamais une héroïne de comédie romantique, une de ses Pretty Women  vouées au happy end. C'est presque dégoûtant, le bonheur, pour une jeune fille raffinée. Et elle a pris ses jambes à son cou. Comme avec Marlon Brando qui voulait emmener dans son île du Pacifique. Vexé, il lui a offert un petit sac noir avec un miroir et une balle de revolver. Traduction : Kill your narcissm , tue ton narcissisme. Elle -ce qu'elle s'en veut aujourd'hui ? Pas question. Ça aussi, c'est du temps perdu.
 Isabelle est devenu raisonnable. Presque méthodique elle s'est faite un portrait-robot de l'homme idéal, celui que toutes les mères devraient fournir à leurs filles. Plus de prince charmant ni de poète maudit. Comme dans une prière à glisser entre deux pierres, elle décline : il doit juste vouloir mon bien, sincèrement avoir envie de me protéger, de m'aimer humainement. Pas pour ce que je représente mais pour ce que je suis. Pour ce que je ne suis pas aussi, avec mes défauts de tous les jours. Et puis, elle a ajouté un dernier mea culpa : j'ai cherché à être comprise, aimée, protégé. J'ai compris que cela était juste impossible et que je n'avais qu'à m'en charger moi-même. Changement d'époque. Comme dans la journée la jupe Isabelle retourne la situation ét met en joue ses angoisses. La voilà même qui interprète les scandaleuses. Voulez-vous que je vous dise mon plus grand regret ? Ne pas avoir eu assez d'amants. Être la femme d'un instant... Cela doit être merveilleux. Je me suis toujours vécu comme la fin d'une vie. Et elle jure qu'on ne l'y reprendra plus. Le romantisme est à bannir. Elle a décidé de vivre plutôt que de rêver sa vie. Elle ne demande pas la lune. Juste un peu de soleil... Tiens, le soleil. L'Italie... Il paraît qu'ils se sont rencontrés chez des amis. Antonio Cacace est un séduisant célibataire de 51 ans. Oeil bleu, toujours bronzé. La voix douce, jamais trop haute elle ne veut en savoir davantage. Il dirige le palace dont il a hérité,  des chambres grises et blanches, raffinées, décorées de tableaux contemporains. Un jardin au coeur de Capri, dans la baie de Naples. Le nom seul sonne comme une déclaration d'amour. Il lui a dit qu'il aimait l'art et les actrices, qu'il avait donné des noms de stars aux plus belles suites de son hôtel. Qu'il aimerait bien donner le sien à l'une d'elles. Accepterait-t-elle de venir lui rendre visite ?
Yourcenar, Nietzsche, Neruda, Malaparte, Goethe...Ont écrit sur Capri, séjour préféré des empereurs romains. Mais ce n'est pas ce qu'est venue chercher Isabelle .À Capri, on peut aussi devenir idiot. Se balader Henri haute sur la mer turquoise, écouter les sirènes, visiter la grotte bleue À Capri, on ne porte pas de short et de tee-shirt. On est élégant comme pour des courses faubourg Saint-Honoré. Les boutiques sont les mêmes. Nulle part le snobisme n'est plus chatoyant.On peut même écouter des ritournelles napolitaines en sirotant un drink. A Capri, on oublie les  tempêtes. Isabelle se laisse porter . Au printemps, elle avait décidé d'aller à la piscine. Ça n'a l'air de rien, sauf quand on a une peur maladive de l'eau... Elle sortait cheveux mouillés, fière de proclamer qu'elle apprenait le dos crawlé : là aussi il faut faire confiance. Je crois que je vais être beaucoup plus gaie dans la deuxième partie de ma vie, nous a-t-elle annoncé. Sur la baie de Naples, le ciel est obstinément bleu. Il est temps d'ouvrir la fenêtre. Maman a toujours eu, jusqu'au bout, une excitation de petite fille. Elle faisait preuve d'une gaieté et d'une joie de vivre que je suis en train de ressentir en vieillissant. Isabelle ne croit plus qu'on aime pour souffrir. La tragédienne est renvoyée dans les limbes. Isabelle réclame sa part de petites gorgées de bière. Un simple bonheur de chat, au soleil.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

très joli article, en tout cas, Ia et ses grands yeux bleus, a la souplesse des chats, même en période de turbulence, elle retombe sur ses pattes, tout en étant passionnée , elle a néanmoins une aptitude à la vie, un épicurisme, une force vive, et le bonheur lui va si bien, un bémol cependant , très égoïste, que cela ne l'éloigne pas des projets artistiques, et puis sinon , tant pis, pour nous! a

Anonyme a dit…

hier rediffusion sur téva de "Figaro".

J'ai trouvé l'ensemble très bien joué.Je crois que le film aurait été mieux apprécié maintenant car il est sorti à une époque d'euphorie;le film traitant de la déliquessence d'une Aristocratie,de la beauté,l'amour,la jouissance qu'on croit éternels et sans fin,je pense que "Figaro" aurait eu plus d'impact maintenant avec la crise,la dépression sévère de notre société confirmées depuis la crise de 2009 et la fin du système capitaliste trimphant et du pouvoir Sarkozy qu'on croyait inébranlable.
La scène tragique de fin avec la voilette D'Adjani est sublime et fait écho à notre période qui vit sur le souvenir glorieux mais a enfin compris que l'avenir ne sera plus jamais le même que le apssé.

Ce film sera beaucoup plus apprécié à l'avenir,j'en suis convaincu,il était finalement prophétique par son parralèle entre le 18 eme trimphant et sa fin tragique en la Révolution et notre époque qui a été aussi très glorieuse et la fin de cycle incontestable entamée en 2009 et qui ne cesse de continuer....

Djilali.

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