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28 mai 2009

"Je reviens", l'interview


Paris Match du 28 mai


Vous pouvez déjà trouver l'interview en ligne sur le site Paris Match, c'est pourquoi je vous la propose, et mettrai les photos ce week end...





Plus sereine et toujours aussi lumineuse. Après une présence en intermittence – seulement huit films en quinze ans – l’actrice revient auprès d’un public qui n’a jamais cessé de l’attendre. En mars, déjà, elle avait à nouveau surpris dans « La journée de la jupe », grâce à un rôle de professeur de français qui prend sa classe en otage. Elle incarnera bientôt une femme flic dans le thriller « De force », une rédactrice en chef dans une comédie de mœurs, « Impostures sur papier glacé », et une chômeuse paumée et avide d’aimer dans « Mammuth », un drame social, aux côtés de son vieil ami Gérard Depardieu.

Dans le jet privé, affrété par Lancel, qui nous ramène de Cannes à Paris, quatre heures après la cérémonie de clôture du Festival, Isabelle Adjani est aux anges. ­Minuit, l’heure du cri : « C’était génial ! » Il y a eu cette montée des marches qu’elle dit avoir vécue dans un état second, puis l’ovation de la salle à son apparition pour remettre le prix de la Caméra d’or. Isabelle savoure, soulagée. Elle est aimée. « Cet amour reçu me fait un bien fou, cela me nourrit. » Elle se régale de quelques fruits exotiques, avale deux gorgées d’eau. On passe aux choses sérieuses. Avec le sourire. Et quel sourire !

Paris Match. Après avoir reçu deux prix d’interprétation à Cannes et quatre César de la meilleure actrice, ­comment expliquez-vous que vous ayez aussi peu tourné ces quinze dernières années ?Isabelle Adjani. J’ai quand même fait quelques films et du théâtre ! Sincèrement, je n’ai aucune notion du temps, il m’absorbe. Jamais je ne me suis dit : “Tu n’as pas travaillé depuis un, deux ou trois ans, il faut que tu t’y mettes.” Jamais je n’ai pensé que je courais le risque d’être oubliée. Ce métier n’est ni une drogue ni une chute du réel pour moi, et je ne vois pas la nécessité de faire exister mon image à tout prix. L’envie de réussir ma vie a toujours été plus forte. Mon second fils, Gabriel-Kane, vient d’avoir 14 ans et j’avais décidé de me consacrer à lui dès sa naissance alors que je venais de me séparer, dans la douleur, de son père, Daniel Day-Lewis. Je voulais être une mère infaillible.

Etre le fils d’Isabelle Adjani et de Daniel Day-Lewis, quel héritage ! Gabriel-Kane échappera-t-il au cinéma ?
Il est déjà tellement doué pour ce métier que je pense qu’il ne l’exercera jamais. [Rires.] Il a joué “Macbeth” à l’école, il était impressionnant de naturel. C’est un garçon très ancré dans les réalités de la vie, même si son imaginaire est très fort. Il écrit beaucoup. Il a déjà compris tous les dangers d’être le “fils de”. Le seul film qu’il ait vu de moi est “Le petit bougnat”. Ça l’a éclaté de me voir à son âge. Il a déjà vu cinq fois son père dans “There Will Be Blood”. Par lequel il est fasciné. Heureusement, Daniel a une vie très détachée du milieu du show-biz, il est proche de la nature, très rigoureux avec son épouse dans l’éducation des enfants. C’est plus que rassurant, étant donné que Gabriel-Kane va passer désormais beaucoup plus de temps avec lui.

On vous imagine très bien maman d’un jeune garçon de 14 ans, un peu moins avec un fils que vous avez eu à 23 ans, ce qui est pourtant le cas. Quels sont vos ­rapports avec Barnabé, le fils du chef opérateur et ­réalisateur Bruno Nuytten ?
Ils sont formidables, même si je le traite comme s’il avait 10 ans et demi. [Rires.] Il a compris qu’il n’échapperait pas à sa maman couveuse, et il l’accepte avec beaucoup d’humour et de patience. Il n’a jamais profité des privilèges de ma situation. Il est musicien, auteur-compositeur et leader du groupe Makali, qui vient de sortir un premier album très réussi. Il est taciturne mais chaleureux, travailleur et solide. Il sait se protéger.

Ne plus tourner durant autant d’années aurait pu conduire n’importe quelle actrice à une dépression. Comment l’avez-vous géré ?
Je ne voulais pas passer à côté de l’épanouissement de mon fils. Je connais des enfants d’acteurs qui recherchent sans cesse l’amour de leurs parents, une des quêtes les plus frappantes était celle de Guillaume Depardieu. Sa souffrance incessante m’a brisé le cœur. J’ai tenté aussi de m’occuper de ma mère, qui est morte il y a deux ans. Elle avait besoin de moi. Mon père, avant de disparaître, m’avait demandé de rester auprès d’elle. Dans ma culture, on n’abandonne pas ses parents. Et puis ma mère était bien plus chagrinée que moi de mon absence sur les écrans. Elle va être bientôt très contente.

Vous allez tout d’abord tourner “Mammuth”, de Benoît Delépine et Gustave Kervem, un film a priori déjanté dans lequel vous retrouverez Gérard Depardieu. ­Aucune appréhension avant ces retrouvailles ?
Gérard est un infidèle, nous ne nous voyons jamais. Mais quand nous nous retrouvons, nous parlons une langue commune que les autres ne peuvent pas comprendre. Toute l’authenticité de notre vocation resurgit alors et nous avons de très longues discussions intraduisibles. Avec moi, il est dans l’élan vital. Il est “heureux de s’emmerder”, comme il dit, à faire ce métier qu’il avait tant voulu explorer à ses débuts.

Quels sont vos autres projets ?Un premier film de Franck Henry, un ancien du gang des postiches, qui a passé vingt ans en prison où il est devenu un intellectuel, écrivain, éditeur, scénariste. Je tiendrai le rôle d’une commissaire de la Brigade de répression du banditisme. J’ai tellement envie de choses que je n’ai pas faites, de rôles qui ne me ressemblent pas ! Ensuite je coproduis un film tiré du roman de Catherine Rambert, dont j’avais pris une option sur les droits, “Impostures sur papier glacé”. Une comédie de mœurs dans le monde de la presse people, dans laquelle je joue une méchante, une teigne, sans rédemption possible.

Avez-vous décidé d’enchaîner les projets ?Oh que oui ! Mon fils va vivre avec son père, j’ai la disponibilité nécessaire pour travailler énormément. J’ai le loisir de débuter un nouveau chapitre de mon existence, de développer ma filmographie, ce qui est important pour moi. Je tiens à être en accord avec la vocation qui m’a motivée, et ses objectifs artistiques.


Concernant votre vie personnelle, on a l’impression que vos histoires d’amour finissent mal en général. Comme si les hommes de votre vie vous avaient tous quittée.
Croyez-moi, cela n’a pas toujours été vrai. Parfois, ça se finit bien ! Mais là, je n’ai aucune envie de rentrer dans une polémique comme j’avais pu le faire concernant ma précédente histoire [avec Jean-Michel Jarre]. C’était l’objet d’une rébellion envers un certain type de comportement masculin que je déplore, au nom des femmes, et certaines m’ont dit merci. Etait-ce utile ? Approprié ? Peu importe... J’ai pris les devants, ce qui m’a permis de faire le vide plus vite.

Votre récente séparation d’avec le Dr Stéphane ­Delajoux n’est sûrement pas simple. Vous l’avez défendu avec acharnement quand le scandale est tombé sur lui.
Il est hors de question que je parle de lui. Il n’est ni acteur ni chanteur, il ne fait pas partie de la vie publique. Scandale ou pas, la place d’un médecin n’est pas dans les magazines. J’ai toujours tenu à rester extrêmement discrète concernant cette relation, vous comprendrez donc que je reste absolument muette aujourd’hui.

Le monde extérieur vous effraie-t-il ?
Il m’a effrayée mais j’ai progressé, un peu. [Rires.] Je suis toujours timide et plutôt réservée. Quand j’étais petite, je ne parvenais même pas à aller de ma chambre à la cuisine s’il y avait des invités dans le salon. Quelle panique ! J’ai embrassé ce métier comme un chemin initiatique, j’ai conjuré et cassé tout ce qui avait pu m’être inculqué d’interdits et de diktats, il a fallu que je me batte contre le manque de confiance en moi.

Comment avez-vous fait ?L’analyse m’a beaucoup aidée. Elle m’a sauvé la vie.

Vraiment ?
Oui, j’ai eu le parcours d’une femme du XIXe siècle, mais si j’avais vécu à cette époque, je serais déjà enterrée et joliment fleurie, enfin j’espère. [Rires.] Aujourd’hui, on peut être aidé par de nombreuses thérapies, la chimie, les plantes, et le chagrin n’est vraiment plus une maladie incurable, mesdames !

Chez vous, il s’agit donc plus de chagrin que de déprime ?
Oui, en ce qui me concerne, je pense que tout chagrin précède la déprime, et il peut l’engendrer. Au moment de la naissance de mon second fils, j’ai dû faire face à un énorme chagrin. Je vivais un amour passionné avec son père et pourtant nous nous sommes séparés. Mais je trouve merveilleux d’avoir eu deux enfants avec deux hommes que j’ai profondément aimés.

Vous avez perdu du poids, est-ce une volonté ?
Quand je mène une vie pépère, popote, famille, quand je ne travaille pas, j’ai un côté mamma. Le physique n’est plus une priorité. C’était le cas au moment où on m’a proposé “La journée de la jupe”, que j’ai pris le risque de faire avec des kilos en trop, avec un gros cul, des grosses joues. Et alors ? Qu’est-ce que ça pouvait faire puisque je jouais une femme ordinaire ? C’est ça d’être actrice ! J’ai assumé mon surpoids. Au final, cela libère le corps et la tête. Depuis, j’ai beaucoup minci sans faire de régime spécial. Ça se fait tout seul l’allègement, quand la vie est moins encombrée. J’ai même le temps, entre autres, de refaire du sport. J’ai envie de plaire, de séduire et d’être séduite. [Rires.]

Ce métier a-t-il failli vous briser ?
Oui, par exemple, quand tout le monde “savait” que j’avais le sida sauf moi. J’ai dû faire cinq fois le test, même ma mère ne me croyait plus. C’était une exécution en règle. On ne voulait plus m’assurer pour les tournages à venir, puisque j’allais mourir, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’on m’a fait chier avec cette rumeur, qu’est-ce qu’on m’a pourri la vie ! Cela m’a permis de tester ma résilience et je me suis battue pour monter “Camille Claudel”, qui m’a valu une nomination aux Oscars. Que voulez-vous, je ne supporte pas qu’on veuille ma peau, dans ce cas je deviens indestructible. Les épreuves ne m’ont jamais été épargnées, mais la notion du “mal pour un bien” fait à chaque fois ses preuves pour moi. Cette devise est devenue une belle constante dans ma vie.
Entretien de Ghislain Loustalot

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une merveilleuse Intw,pleine d'intégrité, de sincérité, de beauté,de même dans son apparence, elle est d'une opulence ravissance, bien en chair,et bien dans sa chair! libre, naturelle, belle moralement et physiquement!!!a

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