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10 mars 2009

Télé loisirs, "un film impolitiquement correcte"




Ce film dresse un bilan d'urgence."

Quatre fois césarisée, la protagoniste d'Adèle H et de Camille Claudel prouve une fois encore à quel point elle est exceptionnelle, en prof de ZEP qui pète les plombs et prend sa classe en otage. Prenant le contre-pied d'Entre les murs , ce film de Jean-Paul Lilienfeld brosse un tableau très noir et très réaliste de l'école de la République, de l'autre côté du périph.
Entrevue avec la comédienne.




Qu'est-ce qui vous a séduite dans ce projet ?
Il n'est pas politiquement correcte : c'est un bilan d'urgence. On est tout de suite dans le paroxysme. C'est un pari casse-gueule, mais j'aimais cette idée de travailler à l'arraché. Je savais que ce serait un moment de violence qui durerait une heure et demie. Avec le jeunes, j'ai institué un rapport prof-élèves. Au départ, ils m'ont tous toisée, l'air de dire : "On va voir ce qu'on va faire de toi ! "En fait , ils attendaient que je leur impose le respect.

Cette prof, vous la comprenez ?
La mère de mon compagnon était prof, elle vient de prendre sa retraite. Elle s'est retrouvée dans une situation similaire, face à un couteau. Rejeter la réalité d'un tel scénario dans la vie serait absurde. Sonia, la prof que je joue, entre tous les jours dans la cage aux lions, mais elle franchit la ligne en imposant le respect sous la menace d'un pistolet. En même temps, elle essaie d'expliquer à ses élèves que leur devenir passe par l'éducation.

Dans ce film, les rapports filles-garçons choquent par leur violence...
A l'école, les filles nient leur féminité, car celle-ci peut être perçue comme une provocation ou, pire,comme une obscénité. Vouloir instituer le port de la jupe, c'est réclamer le droit d'exprimer sa féminité sans passer pour une salope.

Montrerez-vous cette fiction à votre fils de 13 ans ?
Je vais attendre un an ou deux. Il y a des répliques que je trouve brutales. Je suis une mère conventionnelle, je garde mon fils à l'abri, ce qui ne veut pas dire que j'ignore cette réalité. Je suis proche de Yamina Benguigui (réalisatrice de 9/3 : mémoire d'un territoire,ndlr), elle m'emmène parfois avec elle.

Vous êtes issue de l'immigration. cela vous révolte-t-il de voir comment la situation a évolué ?
L'école offre moins d'égalité des chances qu'il y a 25 ans. Alors les jeunes tirent un bilan sauvage. Leurs grands-parents ont été utilisés quand ils sont venus en France, leurs parents qui ont suivi des études se sont vu refuser les postes pour lesquels ils étaient compétents, et cette 3ème génération en quête d'identité est victime de la désintégration plutôt que de l'intégration sociale, avec une politique de la ville qui les enferme dans des ghettos.


Propos recueillis par Gwénola Trouillard

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'ai aimé joué dans le paroxisme!phrase Adjanienne,s'il en faut!a

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