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8 octobre 2006

Loquita et Emiko au Marigny



Je suis allée revoir Marie Stuart pour la seconde fois le 20 septembre, et pour la première fois de ma vie j'étais au premier rang ! Eh bien ça fait une sacrée différence, au premier rang on capte la moindre de ses expressions et elles sont si riches et nuancées... Ca donne des frissons, c'est jubilatoire et déchirant à la fois. Elle est vraiment, mais véritablement EX-TRA-OR-DI-NAIRE dans cette pièce, j'ai l'impression d'assister à un événement historique chaque fois que je la vois !J'étais avec mon amie Emiko, qui est venue du Japon tout exprès pour voir Isabelle A. sur scène, alors qu'elle ne parle pas un mot de français. Ma famille raille gentiment ma passion Adjanienne en me disant, surtout en ce moment où elle réapparaît un peu partout à l'occasion de cette interprétation, "ton Adjani ceci...", "ton Adjani cela..." n'empêche qu'il y a plus fanatique que moi !


La veille du 20 septembre, en rentrant chez moi après avoir raccompagné Emiko à son hôtel, soudain j'ai une une inspiration : et si je demandais au théâtre, en leur expliquant qu'Emiko vient tout spécialement du Japon pour voir la pièce, si Isabelle Adjani accepterait de la voir, cinq minutes, après la représentation ?En retrouvant Emiko le fameux soir, je lui ai fait part de mon idée en lui précisant aussitôt qu'il y avait de grandes chances que ça ne marche pas, mais qu'on ne perdait rien à tenter, n'est ce pas ! Donc nous sommes arrivées une heure à l'avance au théâtre, pour trouver les portes fermées (!) et dès qu'elles se sont ouvertes je suis allée porter ma requête à l'accueil. Je l'ai demandé à une personne qui m'a dirigée vers une autre qui m'a dirigée vers une autre... toutes fort gentilles mais la dernière, un planning à la main, m'a dit : "Je suis désolée, ça ne va pas être possible. Isabelle a plein de rendez-vous ce soir, pareil demain soir, je ne peux pas ajouter une nouvelle personne à son planning..."- Bien sûr, je comprends, ai-je répondu. Toutefois auriez-vous la gentillesse de lui signaler que ce soir et demain soir, une Japonaise va la voir, au premier rang, venue tout spécialement du Japon pour la voir deux fois, comme elle avait fait pour La Dame aux Camélias, et qu'elle ne comprend pas le français ? Ca devrait lui faire plaisir de savoir que des gens viennent d'aussi loin pour elle.- Promis, je le lui dirai. Tenez, j'ai une idée, je vois que vous avez un programme en main. Voulez-vous que je le lui fasse dédicacer ? Vous me donnez le nom de votre amie, j'expliquerai à Isabelle ce que vous venez de me dire et je lui demanderai si elle peut faire une petite dédicace. Ca je suis sûre qu'elle acceptera !- D'accord, très bonne idée, merci beaucoup.Sur ce, nous nous sommes donné rendez-vous à un endroit précis du hall d'accueil, juste après la représentation. Puis, avec Emiko et Christophe un autre ami, français celui-là, tous les 3 au premier rang, nous avons assisté à la représentation.Après la représentation, nous sommes sortis quasi en dernier, puisque nous étions au premier rang. J'ai cherché dans le hall "ma dame", jusqu'à ce que je l'aperçoive... qui scrutait avec attention les visages, jusqu'à ce qu'elle tombe sur le mien, et là : "Ah, dites-moi, où est votre amie japonaise ?" Je me suis retournée, j'ai appelé "Emiko !" qui était à quelques pas de moi, et là, la dame lui a dit : "Suivez-moi, Isabelle veut vous voir !" Je ne vous dis pas la tête d'Emiko !!!La dame qui a dit à Emiko "Isabelle Adjani vous attend" m'a dit, ainsi qu'à Christophe : "Allez avec elle !" ... et alors là je ne vous dis pas comme mon coeur s'est mis à tambouriner dans ma poitrine, même que je me disais : "oh là là là là qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ?" Excitée et.. paniquée quand même ! Seulement cette dame si gentille nous a confiés à un jeune homme, Hassan, qui s'est présenté en tant que "attaché de presse d'Isabelle Adjani". Lui nous a conduits jusqu'à une sorte de pièce, en bas d'escaliers, où défilait du monde. Il y avait le brouhaha du hall à côté, où les spectateurs commentaient la pièce, ou parlaient d'autre chose, va savoir, certaines personnes ne viennent voir Marie Stuart que pour dire qu'ils y sont allés, sans aucun intérêt pour la pièce ni pour Adja ! Et puis il y avait ces escaliers, et là, à quelques marches du paradis n'est-ce pas, le jeune Hassan s'est tourné vers nous et nous a dit, à Christophe et à moi : "Vous restez ici, désolé. Je ne monte qu'avec Emiko." On n'a pas osé insister, tout cela se déroulait tellement rapidement. Je ne pense pas que cela vienne d'Adjani, je pense qu'elle ne savait même pas qu'Emiko était accompagnée. Je pense que ça vient de lui, le jeune Hassan. L'entourage d'Adjani doit faire barrage à plein de monde !Donc nous sommes restés là comme deux ronds de flanc, dépités tout d'abord, Christophe et moi ; mais en même temps que de la frustration, je ressentais du soulagement, puisque je n'allais pas me sentir bête à manger du foin en face d'Isabelle A., du coup ! Puis je me suis raisonnée : "allez, je viens de passer 2 heures à la voir jouer, à quelques mètres de moi, et c'est là que je préfère la voir, sur scène, pas dans la vie !" Vrai de vrai ! Aussi, c'était bien qu'Emiko l'aie pour elle toute seule, si j'ose dire. Après tout, elle venait de passer 2 heures à ne rien comprendre de ce qui se disait sur scène, il faut quand même imaginer la chose ! Imaginez-vous au premier rang d'une scène japonaise, devant des acteurs s'exprimant deux heures durant en japonais... Rencontrer Adjani en personne et pouvoir la comprendre et se faire comprendre d'elle en lui parlant directement (en anglais of course), ça compensait pour Emiko la frustration de n'avoir pas saisi le moindre mot du spectacle. Ca valait la peine d'être venue du Japon, d'avoir sacrifié sa seule semaine annuelle de vacances !Et puis Christophe a dit : "oh si je l'avais rencontrée je lui aurais fait la bise !"Je l'ai regardé, interloquée : "quand même pas ?""- Si, si je te jure, je ne lui aurais pas demandé son avis, je lui aurais fait la bise, là, au tout début, ç'aurait fait naturel, non ?"Alors là, je n'ai plus du tout, mais plus DU TOUT regretté de n'être pas montée ! Tout un chacun peut se maîtriser soi-même, mais ne peut pas maîtriser les autres, n'est-il pas vrai ? J'aurais ressenti une honte à laquelle je suis soulagée d'avoir échappé, face à un tel comportement ! C'est dingue, non ? Je connais mon Christophe, je l'adore même souvent, mais jamais je ne me serais imaginée qu'il se serait permis un tel manque de respect. Les gens doivent péter les plombs, souvent, devant Adja. C'est trop fort pour eux, une telle rencontre !Donc on a attendu, attendu, et le temps passait, passait... On était à côté de l'entrée des artistes, donc on a vu passer l'acteur qui joue le doyen, et tous les deux comme des andouilles on l'a applaudi, et puis après tout ce n'était peut-être pas si andouille parce que ça l'a fait sourire. On a vu passer le secrétaire, et malgré qu'il eût joué un beau salaud dans la pièce on lui a souri aussi. Puis on a vu le serviteur qui a des genoux pointus, celui qui lui dit "Je vous aime", dans la pièce, au moment où tous les autres s'arrachent ses bijoux, vous vous rappelez ? Puis on a vu l'assistant du bourreau qui nous a lancé : "oh, je vous ai vus, vous étiez au premier rang !" et Christophe lui a répondu : "nous aussi on vous a vu !" (là j'ai encore moins regretté de n'être pas montée !) et moi je lui ai dit : "tiens, vous parlez ?" (ben oui, vu que dans la pièce, il est muet) et ça l'a fait sourire TOUT LE MONDE SOURIAIT je vous dis !La dame qui nous avait confiés à Hassan est passée à un moment. Elle nous a regardés : "oh, vous n'avez pas pu monter, vous deux ?"- Eh non ! avons-nous répondu, la mine contrite. Alors elle s'est adressée à moi :- Vous savez, je suis allée voir Isabelle Adjani juste avant le début de la pièce, je lui ai raconté l'histoire de votre amie japonaise qui fait le déplacement et qui ne parle pas français etc etc, et j'ai ajouté, en lui tendant le programme que vous m'aviez confié pour le lui faire dédicacer : "J'ai dit à cette jeune femme qu'en raison de votre planning, malheureusement, ça n'allait pas être possible que vous la voyiez ce soir." Et là aussitôt Isabelle Adjani m'a répondu : "Si, ça va être possible ! Faites-la monter en premier."On a encore attendu, attendu... Puis Christophe s'est exclamé : "mais qu'est-ce qui se passe ? C'est long ! Elle ne va pas l'inviter à dîner, quand même ?" Parce que voilà : en tout, on a attendu Emiko une demie heure ! Donc quand on l'a vue arriver enfin vers nous, on l'a regardée avec de grands yeux étonnés et elle était rayonnante, transfigurée, radieuse, belle comme un soleil, elle irradiait son bonheur et c'était contagieux, je crois bien qu'on était tous les 3 très beaux, du coup ! Elle avait 2 roses avec lesquelles elle se caressait le bas de la joue, régulièrement. "Alors ? Alors ?""- Alors, nous a-t-elle répondu, Hassan m'a d'abord demandé d'attendre, à côté de la porte fermée de sa loge, parce qu'elle était en train de prendre une douche. Au bout de dix minutes, elle a dit : "C'est bon" et Hassan m'a fait entrer. Par timidité je ne lui ai même pas tendu la main ! (Vive la réserve asiatique ! Emiko a plus de savoir-vivre que Christophe). Elle m'a demandé comment je la connaissais, je lui ai dit que je la connaissais depuis Adèle Hugo, et que j'avais vu tous ses films depuis, et qu'elle est La Plus Grande Actrice du Monde ! Je lui ai dit que certains de ses films ne sortent pas à Yokohama, ma ville, mais seulement à Tokyo, la capitale. Chaque fois que cela est arrivé je me suis rendue à Tokyo pour les voir. Je lui ai dit que j'étais déjà venue la voir deux fois, pour "Madame Camélias" (jolie, non, cette façon qu'Emiko a de dire "La Dame aux Camélias" ?) J'étais tellement émue que j'étais au bord des larmes, elle l'a senti, elle était très douce avec moi. Elle m'a dit que non seulement ma venue l'émouvait, mais qu'elle se sentait très honorée que quelqu'un vienne de si loin pour la voir sur scène. Elle me l'a écrit."Et là, Emiko nous a montré une superbe dédicace qu'Isadja lui a faite sur un croquis de Maxime Rebière, sur le programme. Je ne saurais vous citer exactement ce qu'Isabelle Adjani lui a écrit, en anglais bien sûr, mais ça parlait effectivement du bonheur et du grand honneur qu'elle ressentait à recevoir un tel hommage.Quand Emiko a quitté la loge, Hassan a pris deux roses d'un bouquet pour les lui donner, Emiko ne les a pas lâchées de la soirée. Nous l'avons raccompagnée à son hôtel où nous ne parvenions pas à nous quitter ! Enfin nous avons fini par rentrer parce que j'avais plein de journaux à découper pour elle... Je me suis couchée à 3 heures du matin ce soir-là !Voilà, vous savez tout.Loquita

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